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404                      FEDOR ET LOUISE.
   Un grand cerf, portant majestueusement son bois, s'arrêta an
milieu de la place. Il leva la tête pour respirer, toussa à plusieurs
reprises et vomit des flots de sang. Il tourna ses grands yeux
vers les spectateurs. Une crampe dans les jambes, ce que les ama-
teurs appellent battre le tambour, précéda un dernier soupir.
   Louise cachant sa figure dans son mouchoir dit doucement à
Madame Petermann : — Je ne puis plus regarder ces pauvres
cerfs.
 Tout-à coup un rire bruyant se propagea dans la foule      Regardez
donc ce cerf qui a volé la coiffure d'une paysanne, il la porte sur
ses cornes.—S'il n'a trouvé que la coiffure, dit un autre, il n'y a
pas de mal, car j'ai vu une fois un cerf percer la tête d'un traqueur
qui resta mort sur la place.
   Le cerf s'approcha avec sa coiffure.
   —Eh ! Jésus ! s'écria Madame Petermann, c'est le mouchoir de
ma Rose. Dieu ait pitié de nous ! Sans-doute que cet enfant a
pris la place de ma belle-sœur.
   A ces mots elle sauta en bas du char pour courir du côté des
traqueurs. Louise la suivit. Une grande foule était rassemblée en
cet endroit. Les poings et les coudes de Madame Petermann, ainsi
que ses cris : mon enfant ! ma Rose ! lui ouvrirent un passage au
milieu du groupe où elle trouva sa fille. Excepté une petite écor-
ehure au front, elle n'avait point de mal ; ce que la mère reconnut
avec de grands cris de joie. Mais, dit-elle en l'embrassant, qui t'a
envoyée avec les traqueurs ?
   Je ne pouvais faire autrement, répondit Rose; notre fille s'est
fait une entorse et je ne pouvais laisser partir madame Muhrn. Il
n'y avait d'ailleurs aucun danger, si le garçon qui était auprès de
moi, au lieu de se coucher à terre, n'avait pas menacé le cerf avec
son bâton. J'ai failli payer pour sa folie. Mais il en aura le souve-
nir ; on l'amène à la ville sur un char, car on a reconnu, à son
habit, qu'il n'est pas de la campagne.
  — Ah ! chère Rose ! s'écria Louise, si c'était mon frère?
  — Ah ! dit Rose, je ne l'avais pas vu avant ce moment, et lors-
qu'il a été blessé j'avais moi-même assez à faire.
  Louise courut après le char qui conduisait le blessé. Elle avait