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336 FEDOR ET LOUISE. semblable à un oiseau sur la barre de sa cage, travaillait et sou- pirait après sa femme, ses enfants, et la liberté. De temps à autre il regardait l'écureuil, dont le sort était semblable au sien. — C'est bien par ma faute que je suis en prison, dit-il à part soi, mais toi, pauvre bête, quel est ton délit pour être attaché à cette chaîne, toi, à qui le Créateur a donné plus qu'à tout autre le besoin de la liberté? Ne seras-tu jamais fatigué de sautiller dans le cadre de cette fenêtre ? Ah j'en ai le vertige, quand je te vois sans relâche te tourmenter pour être en liberté. Quel cruel plaisir ton geôlier trouve à tes vains efforts? Oh ! si nous pouvions ensemble quitter notre prison et courir dans une verte forêt où s'abritent les lièvres et les cerfs ! Il lui semblait que son cœur allait se fendre ; il descendit de son marche-pied et courut dans sa chambre, tout comme l'écureuil faisait à sa fenêtre. 11 déboutonna son habit et son gilet pour respirer plus librement. —Quel fardeau oppresse mon cœur, dit- il, que ne suis-je hors de cet air pesant, sur les montagnes où est la liberté ! Puissé-je là couper du bois avec la hache et la scie afin de gagner mon pain, dussé-je travailler jusqu'à m'écorcher les mains. Ce pauvre prisonnier, dans une agitation que rien ne pouvait calmer, tantôt montait à sa fenêtre et tantôt en descendait pour courir dans sa chambre. Pendant ce temps Louise attendait son frère à la porte de la prison , car le geôlier, personnage assez grossier, n'était pas disposé à leur ouvrir deux fois la porte, quoiqu'il reçût de temps à autre un petit présent. De son côté Louise avait longtemps regardé l'agile écureuil, car elle s'impatientait du retard de son frère qui, depuis long- temps, devait être sorti de l'école. II arriva enfin avec une figure joyeuse, portant sous le bras un petit paquet enveloppé dans son mouchoir de poche. — Tu ne devineras pas ce que j'ai là , et comment je l'ai obtenu, j'ai été heureux et d'une manière extraordinaire. Hier tu faisais l'importante parce que tu pouvais donner un pigeon rôti à notre père. Bah ! qu'est cela? Aujourd'hui il n'en reste rien ; notre père n'a eu de jouissance que pendant qu'il mangeait. Je lui apporte