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                         FEDOR ET LOUISE.                            337

quelque chose qui lui fera plus longtemps plaisir. 11 se plaint de
la solitude et de l'ennui, lorsque nous ne sommes pas auprès de
lui. J'ai pour lui un compagnon qui sera plus agréable que cent
pigeons rôtis ! regarde un peu !
    Fedor souleva le mouchoir, et Louise vit une petite cage, dans
laquelle il y avait d'un côté'un petit sceau rempli d'eau et de
l'autre un panier rempli de graines pendu à un fil. L'habitant de
la cage était un serin vert qui avait à peine assez de place pour
 se retourner.
    — Comment as-tu obtenu cet oiseau? demanda Louise.
    — Je l'ai acheté, répondit Fedor fièrement, et, frappant sur sa
 poche, il y fit sonner des pièces d'argent. Je vais te raconter la farce.
 Gomme je rentrais de l'école, en passant devant la boutique du
 pâtissier, j'y vis un épais carlin gravement assis et contemplant
 des biscuits avec des yeux de convoitise. Il ressemblait à celui qui
 m'attaquait hier chez ma tante, aussi je lui appliquai un coup de
 pied sur son large dos ; il cria, gémit, mais, sans quitter la place ;
 il continua à regarder les biscuits ; je redoublai : il se leva alors et
 je remarquai qu'il était boiteux. En m'eloignant, étonné d'avoir
 rencontré un carlin aussi gras que celui de la tante, je remarquai
  un homme qui affichait un avis portant : « que notre tante ayant
  « perdu son gros carlin, promettait cinq ccus de récompense à
  « qui le rapporterait ». Je n'eus rien de plus pressé que de chercher
  le carlin ; je le trouvai encore dans le voisinage du pâtissier ; je
  le pris sur mes bras quoiqu'il fût assez lourd et le portai à notre
  tante qui le reçut avec une joie inexprimable.
    — Et tu as reçu les cinq écus, dit Louise ? Dieu soit loué !
    Fedor répondit en se grattant l'oreille : cinq écus ! ils étaient
 bien promis sur l'affiche ; mais, attendu que je ne suis point un
 étranger, mais son neveu , la tante m'en a donné un. Cependant
 j'en fus content ; je ne délibérai pas longtemps ; j'ai acheté ce
 serin pour deux francs cinquante et j'en ai encore autant en
 poche. Hem !
    —Mais est-ce que le geôlier, dit Louise, laissera entrer l'oiseau ?
    — En lui donnant dix sous, il ne verra pas le petit prisonnier,
  répondit Fedor,
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