page suivante »
626 FEDOR ET LOUISE. — Nous aurions dû lui envoyer la voiture, ajouta la conseillère. Quand on ne pense pas à tout, rien ne se fait. Dans ce moment un domestique portant une lettre cachetée entra dans l'appartement. — Serait-ce un contre-ordre du professeur? demanda la conseil- lère d'un air inquiet. — Non, elle ne vient que de M. votre frère, répondit le do- mestique. — Ah ! une lettre de mendiant, dit-elle avec mépris. Laissez ce chiffon sur ma table à ouvrage. — Les deux enfants sont à la porte et attendent une réponse. — Qu'ils attendent ! dit la conseillère irritée, et, se tournant vers son loulou , elle l'enveloppa délicatement dans sa couverture brodée. — Bien! porte-le à sa place. Mais non, j'aime mieux, je le ferai moi-même. Et toi, Lisette, lis cette lettre et dis-moi briè- vement ce que me demande encore ce vaurien de frère. Lisette obéit. Elle décacheta la lettre, la parcourut et dit : — M. votre frère vous fait savoir qu'il souffre beaucoup dans sa prison. Il fait aussi comprendre d'une manière assez claire qu'avec quelques mille francs, vous pourriez le rendre à sa fa- mille et faire son bonheur. — Avec quelques mille francs '( Le drôle de corps ! me faire de pareilles propositions. Qu'y puis-je ? s'il a gaspillé toute sa fortune ? Quelques mille francs ! pauvre femme ! Que me reste- rait-il à moi et à mes bêtes fidèles ? Et lors même qu'il ferait bon usage de cet argent ! Combien de temps cela durerait-il? Ses af- faires seraient bien vite dans le même état. — Il vous prie de lui envoyer au moins le médecin et de ne pas oublier ses enfants. Un bruit terrible qui se fit dans l'antichambre interrompit Lisette. On entendait les aboiements des chiens et les grondements des chats, mêlés à des cris d'enfants. — Qu'y à -t-ilY Qu'y a-t-il? s'écria la conseillère. Ne bouge pas, mon loulou, dit-elle affectueusement à son chien, qui, malgré la