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DE GRiMOD DE LA REYNIÈRE. 289 réunir pour lui conseiller de reprendre le travail jusqu'à ce qu'il ait rempli sa vocation , ou du moins marqué sa course par un grand ouvrage. Voila ce que vous ne devez pas oublier de lui exposer en leur nom ; il vous en saura gré quelque jour. Si, au contraire, il s'endort dans une mollesse oisive, adieu son talent ; il voudra peut-être par la suite y recourir, mais il ne sera plus temps : les libres du cerveau se dessè- chent par le défaut d'exercice ; l'imagination se paralyse el, pour s'être abandonné au repos, on devient un homme ordi- naire. Si vous craignez de lui dire tout cela de vous-même, je vous autorise à lui lire ce passage. Au reste, il a raison de ne s'être abonné à aucun spectacle; par là , il conserve la liberté du choix, el il ne se voit pas dans la nécessité de perdre chaque jour trois ou quatre heures, afin de gagner son argent. Je crois avoir un jour traité ce chapitre avec vous, el vous avoir prouvé que l'on goûte bien mieux les plaisirs que l'on se paie en détail , que quand on les achète en gros; je ne reviendrai pas sur celte malière. A propos d'abonnement, le prix de ceux de Lyon est-il augmenté? Ce seroil la seule chose qui n'eût pas suivi la marche progressive qui a lieu sur tout. Le prix des places est-il aussi le môme? Je suis vraiment ravi d'apprendre que M. de Fontanes voit Mme la comtesse de Beauharnais, et je serois charmé d'appren- dre que j'ai contribué en quelque chose à ce rapprochement. Tous les deux étoienl faits pour aller ensemble ; ils ont les mêmes goûls, les mêmes habitudes, les mêmes penchants. J'aurois pardonné à M. de Fontanes le mariage, s'il eût épousé cette aimable veuve. C'eût été là une union bien assor- tie et avantageuse aux lettres. Ils aiment tous deux à veiller; ce goût, qui appartient presque exclusivement aux gens d'esprit, et d'autant plus fait pour les . . , . . que vos bons Lyonnois se couchent avec les poules, el qu'à minuit on ne songe à veiller qu'à Paris. C'est à celte heure-là , pré- 19