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288                    LETTRES INÉDITES

 trouve pas la compensation de la réponse qu'il me doil. 11
m'avoit écrit d'abord une lettre charmante ; j'avois quelque
 espoir que ce ne seroit pas la seule dont il me favoriseroil ;
mais il s'est arrêté tout à coup, el sa discrétion m'a empêché
de lui faire une seconde allaque. Je me consolerai de son si-
lence, si vous m'apprenez que le temps qu'il dérobe à sa cor-
 respondance esl employé au moins au profit de sa gloire.
Mais je crains bien que les soins d'un nouveau ménage et les
devoirs de société, dans lesquels on arrive nécessairement en
qualité d'homme marié, ne le détournent tout a fait de la
littérature. Nous trailerons plus au long de celle matière à
l'article du célibat, sur lequel vous m'allaquez de nouveau ,
de manière a me faire croire que vous songez à changer
d'élat, si vous ne me déclarez pas précisément le contraire.
Pour en revenir à M. de Fonlanes, savez-vouss'il s'occupe d'un
nouvel ouvrage? il seroit lemps à lui d'y penser pour justifier
sa répulalion, et s'acquérir de véritables droits aux suffrages
de la postérité. On n'y va pas avec des pièces fugitives. Le
seul morceau un peu étendu qu'il ait fail paraître, est une
traduction de VEssai sur l'Homme, de Pope. Mais cela ne
suffit pas, el celle traduction , telle belle qu'elle soit, n'est
qu'une traduction. M- de Fonlanes n'esl pas seulement bon
poète, il est encore excellent littérateur -, c'est ce dont il est
impossible de douter, quand on le connoît ou seulement lors-
qu'on a lu le discours préliminaire de la traduction de Pope.
Sous ce double rapport, il est comptable au public de son ta-
lent , el, malheur à lui, si, se reposant sur ses lauriers, il
refuse de se faire de nouveaux titres â notre admiration. Si
j'étois à votre place, je m'efforcerois de le stimuler et de l'em-
pêcher de s'abandonner à celte douce paresse qui , malheu-
reusement , a plus de charmes encore pour les gens d'esprit
que pour les autres. M. de Fonlanes a près de 40 ans, et
n'est encore connu que par des essais. Ses amis devroient se