page suivante »
-WBiSJ**' DES ORIGINES BU DEVOIR. 213 Ainsi, la philosophie considère en l'homme ce qui y est dans son étal actuel et terrestre, le bien et le mal, la fai- blesse et la force , l'intelligence obscurci, mais allant jusqu'à la conception de Dieu, la volonté battue par les passions mais soutenue par le sentiment nécessaire du devoir, succom- bant souvent dans sa liberté fragile mais susceptible d'un généreux retour. Ne point s'occuper des faits ou des ensei- gnements surnaturels, c'est-à -dire s'enfermer dans son rôle de science humaine, ce n'est pas les nier. Au contraire, l'ob- servation exacte et bien faite constate la place à remplir par l'élément théologique devant lequel la science humaine vient eusuite s'effacer. Si nous cherchons comment la notion morale s'est intro- duite dans l'humanité, il est facile de reconnaître qu'elle n'y est pas survenue à une époque donnée, ni par le fait d'une révélation expresse et positive, mais qu'elle y a été dès le commencement, à part de tout enseignement extérieur, et comme née avec l'homme lui-môme. Une codification des préceptes moraux, donnée par un en- seignement extérieur de Dieu à l'homme, aurait ses monu- ments écrits dans nos livres sacrés. Lorsque la première fa- mille humaine commença sur la terre sa carrière d'épreuve laborieuse, les règles qui devaient établir les relations d'a- mour et de justice entre ses membres et qui devaient ensuite se propager parmi ses descendants, sortirent spontanément des consciences. Nous ne parions point ici des devoirs envers Dieu, car l'homme pouvait les avoir apportés sur la terre en souvenir du paradis. La passion fait éclater le crime, mais en môme temps le remords. L'aspect du sang qui a coulé trouble le fratricide; comment savait-il qu'il avait mal fait ? A la voix divine qui l'appelle il se cache dans l'ombre, et balbutie des lèvres une excuse que sa conscience dément. Le Seigneur avait-il jamais