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210                DES ORIGINES DU DEVOIR.

sur elles son influence? Comment, enfin, règle-t-elle nos
actions? Il nous semble que l'on déduirait mal à propos
l'inutilité d'une analyse scientifique du fait de l'universalité,
car celte universalilé de la puissance morale n'a pas empêché
les théories les plus fausses el les plus contradictoires de se
faire jour sur une matière où il ne devrait y avoir qu'une seule
 voix comme un seul sentiment. Phénomène singulier ! Aucun
homme raisonnable n'exisle qui ne suive partiellement la loi
du devoir, et il y a des sectes nombreuses qui nient les prin-
cipes essentiels sur lesquels le devoir repose. El ces sophismes
inefficaces à détruire la loi, la limitent néanmoins el allèrent
sa puissance. Us servent d'excuse aux cœurs lâches et cor-
rompus et d'instrument aux cupidités ambitieuses. Il était
bien de montrer ce que le devotr a d'absolu en face de ces
capitulations des consciences.
    D'ailleurs, l'homme n'a pas seulement le besoin de
faire, il a avant tout celui de connaître. C'est la connais-
sance qui donne à l'acte sa liberté, et par conséquent, sa
 moralité. Nous parlions plus haut de ces verlus communes
qui soumettent ce qu'il y a de plus rebelle dans nos instincts,
véritables dévoûmenls, ignorés à force d'être vulgaires. Eh
 bien ! s'ils ne sont pas le joug servile des habitudes, s'ils sont
plus que des résignations passives, c'est parce que l'esprit s'en
 est rendu compte et les a commandés à la volonté ; c'est parce
 qu'ils ont été connus comme le bien , et par suite , pratiqués
 comme le bien. Alors seulement l'acte revêt son cachet de
 dignité, car les hommes ne sont pas différenciés parle hasard
 des travaux ou des fonctions, mais par l'esprit avec lequel
 chacun comprend el apprécie sa tâche. Plus la notion esl
 claire et précise, nous ne craignons pas de dire scientifique,
 plus le sentiment du devoir obtient de force et de garanties.
 Heureuse est l'inconséquence qui soustrait pour un temps la
 droiture du cœur à la faiblesse ou aux déviations de l'inlelli-