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                   DES ORIGINES DU DEVOIR.                  209

lions vont sans cesse en s'améliorant sous les inspirations de
la justice éternelle, dans les voies de ce progrès, qui est le
fruit du travail commun.
    Nous avons trouvé dans l'acceptation libre el volontaire de
la loi du travail, l'application la plus commune du principe
du devoir, et certes, ce n'est pas la moins importante, car
elle comporte le dévoùmenl le plus difficile, celui de chaque
jour. Mais nous pourrions étendre cette application à toutes
les autres matières que règle la morale. C'est par l'acceptation
universelle du devoir que la société des hommes subsiste et
progresse. Où la force d'impulsion est moindre, où la notion
intellectuelle est plus obscure et moins complète, la société,
dans la même proportion , esl dans un étal imparfait; elle
ne vit à quelque degré que parce qu'il y a un certain nombre
de devoirs reconnus, et que le devoir en soi a un certain em-
 pire,sur les volontés. Le moins est ce qui constitue l'état de
 barbarie ou de corruption ; mais dans quelque matière que
 l'impulsion du devoir se manifeste, elle emporte toujours
 l'idée du sacrifice d'un mobile bas et personnel à un mobile
 supérieur qui est de l'ordre spirituel.
     Le devoir est cet élément nécessaire de la conscience hu-
 maine, dont M. Jules Simon a décrit scientifiquement l'ori-
 gine, la nature el la règle dans un ouvrage que l'Institut de
 France a jugé digne d'un grand prix. Nous n'avons à cons-
  tater, après un si haut suffrage, ni l'utilité, ni le mérite de
 cette publication importante ; nous aborderons seulement
 quelques-unes des questions qu'elle a soulevées.
     Si la foule des honnêtes gens obéit tout simplement au bon
  côté de sa nature, les esprits éclairés ont besoin de savoir
 quelle est celte puissance qui nous fait suivre notre loi. Est-
  elle d'institution divine ou de création humaine? libre ou
  fatale? esclave ou dominatrice de nos instincts, de nos habi-
  tudes et de nos passions? dépendante de nos idées ou exerçant
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