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                       E X P O S I T I O N DE 1 8 5 4 - 6 5 .             165
en fer, lout indique cette laborieuse patience qui est, quoi qu'on dise, la
marque d'un grand amour. Est beaucoup patient celui-là seulement qui
aime beaucoup. Un pédant en iconographie reprocherait peut-être à M. La-
ruothe d'avoir donné le nimbe , attribut de la sainteté, à Salvieu , simple
prêtre de Marseille, et que l'Eglise n'a jamais honoré comme saint : je laisse
ce soin à de plus rigoristes.
   Quel est donc le reproche que, sous un certain rapport, on peut adresser
et qu'on a déjà adressé au travail de i l . Lamothe? C'est peut-être d'être
plus voisin des maîtres que de la nature même, c'est de renfermer des
choses presque purement conventionnelles et qui sont plus le propre d'une
manière, que la représentation véritable de ce qui est. Ainsi, la répétition
de tels plis tombants dans les draperies , dont on rencontre constamment
l'exemple dans les vases grecs ; ainsi, certaines musculatures adoptées, pour
ainsi dire, par quelques maîtres. Raphaël lui-même n'est pas complètement
a l'abri de cette critique. 11 affecte parfois certaines formes , toujours les
mêmes malgré leur admirable beauté. Pour lui c'est surtout à propos du corps
humain que cette répétition est sensible. Une observation qu'on peut faire
en suivant la série des ouvrages de M. Ingres, c'est qu'il a, au contraire,
constamment évité tout ce qui peut rappeler une manière , un parti pris.
Aussi semble-t-il plus parent encore de Phidias que de Raphaël.
   Maintenant, dans le cas qui nous occupe, nous croyons M. Lamothe tout
à fait justifié. On a trop oublié , en l'accusant, les conditions vraies de la
peinture monumentale. On a trop oublié qu'il s'agit ici de mouvements,
d'attitudes, de lignes, d'harmonie architecturale enfin, et non pas de repro-
duction exacte de la matière. La peinture appliquée à l'architecture autorise,
exige même cette sobriété dans l'exécution, cette étude de la silhouette que
ne donne pas toujours la nature plus féconde, plus facile, plus variée dans
ses productions, et dlle a partout et toujours une
naïveté, une simplicité d'allure et comme quelque chose de bon enfant, —
pardon de l'expression, elle est triviale mais exacte — qui est inimitable.
Sans doute, M. Lamothe n'eût fait ni un portrait ni un tableau de chevalet
dans les mêmes conditions que ses dessins. Mais je maintiens que, comme
peinture murale ou sur verre, ee qui revient au même, les cartons de
M. Lamothe sont irréprochables , et j'ajoute que la critique n'a rien de
 plus à lui demander.
   Un des fervents élèves de M. Orsel, M. Tyr a exposé une tête do sainte
Geneviève, qui est, nous le croyons, une étude pour un tableau. M. Tyr est
bien le fils légitime de son père selon la génération artistique ; il est tout
M. Orsel et rien que M. Orsel. Il esl difficile d'imaginer la sévérité qu'il
apporte dans une exécution toujours modeste cl sans fracas cependant.