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 10i                     EXPOSITION DE 1 8 5 4 - 5 5 .
 chrétien. 31. Lamolhe lend à réaliser l'admirable formule que M. Orsel s'étail
 proposée pour idéal : baptiser l'art grec. Celle filiation de l'antiquité si
 frappante dans M. Ingres se reflète fidèlement dans le disciple. 11 y a même
 deux figures, Isaïe et Ezéclucl, qui respirent tellement son esprit que si
 lions les eussions rencontrées quelque part sans voir au bas la signature de
M. Lamothe, nous n'eussions pu attribuer qu'à M. Ingres lui-même, à
l'homme dont on peut dire qu'il s'est nourri de la moelle des lions, tant de
beauté plastique jointe à tant de force. Ces figures assurément sont grecques
parla forme, mais il y a sur leur front un éclair d'inspiration qui n'appar-
tient qu'au Christianisme. Nous ne disons pas qu'elles révèlent, comme
celles de certains maîtres du moyen-âge italien, ou même comme certaines
productions moins énergiques et plus féminines de M. Hippolytc Flandrin,
la nature mystique de cette religion , mais enfin l'antiquité a passé par là
sans que le souffle religieux en ail clé effacé. C'est en vain que de nos
jours quelques esprits assez peu délicats, en qui la passion de la violence
et du scandale paraît tenir plus de place que le cul;e désintéressé du beau,
ont voulu rendre un décret de proscription contre les écrivains de l'anti-
quité , et sans doute aussi contre les artistes. On ne peut, Dieu merci ,
malgré qu'on en ait, rendre la religion et l'Eglise solidaires des témérités
puériles d'un journal dont les expressions peu mesurées exhalent comme un
relan de mauvaise compagnie. On peut encore admirer de concert Platon cl
saint Augustin, Phidias el Giotto. On peut ne pas damner un docteur,
saint Justin, je erois, pour avoir été souvent tenté, dit-il, de s'écrier : Saint
Socrate, priez pour moi ! Enfin , on peut encore en toute liberté , et sans
avoir à redouter de violences, si ce n'est peut-être celles du langage, appeler
de ses vœux l'union dans l'art de la forme grecque et de la pensée chré-
tienne. C'est bien heureux.
   Nous croyons donc que, même dans l'église ogivale moderne pour laquelle
ils sont destines, ces vitraux seront parfaitement à leur place, et qu'ils ne
formeront pas de disparate avec l'architecture. Sans doute, ils ont moins
le caractère archéologique que si l'on s'était applique à reproduire les per-
sonnages roides ou disloqués, linéaments informes d'un art encore à son
enfance, qu'on retrouve sur les vitraux du XIII e siècle. Ce n'est que dans
de rares circonstances qu'on y découvre déjà, comme dans les admirables
peintures de l'Italie à la même époque, la profondeur de la pense'e cl la
beauté de la forme en germe sous l'ignorance de la science matérielle. Mais
les dessins de M. Lamothe n'en impressionneront pas raoins religieusement
les fidèles, pour être plus parfaits sous le rapport de l'art. Tout, d'ailleurs,
a été rigoureusement étudié par lui au point de vue technique. Les orne-
ments des fonds, les nimbes, les accessoires, la disposition des armatures