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«I *. ET DES SCIENCES. 135 même qu'ils inspirent pour les hommes qui les ont accom- plis parlent puissamment a nos âmes et modifient nos pen- chants ! « Ne sommes-nous pas tous, dit M. de Lamartine, des statuaires qui travaillons, intérieurement et à notre insu, à nous rendre ressemblants a quelques-unes de ces grandes figures de l'histoire de l'antiquité qui ont frappé nos regards, qui ont ébranlé notre imagination dans notre enfance. » Par opposition, le cœur peut-il rester indifférent devant ces flétrissures que l'histoire a imprimées a la lâcheté, a la trahi- son, a la faiblesse, et dont l'empreinte conservée sur le front des coupables après des milliers d'années porte un enseigne- ment que fortifie la distance des temps. Les remords qui poursuivent le crime et qui retentissent jusqu'à nous avec une expression déchirante, n'impressionnent-ils pas nos âmes par une horreur pour le mal aussi féconde que l'amour et l'enthousiasme pour le bien ? « Quelles belles formes d'indignation, dit Mn!e de Staël, la haine du crime n'a-t-elle *• pas fait découvrir a l'éloquence ! Quelle puissance vengeresse de tous les sentiments généreux ! Les tableaux du vice lais- sent un souvenir ineffaçable, alors qu'ils sont l'ouvrage d'un écrivain profondément observateur. Il analyse des sentiments intimes, des détails inaperçus ; et souvent une expression énergique s'attache à la vie d'un homme coupable, et fait un avec lui dans le jugement du public. » En terminant ce paragraphe, je ne puis m'empêcher de rappeler des paroles bien propres à faire saisir le contraste que je veux établir. Ce sont celles .d'un ami de cœur, chargé d'enseigner une branche des sciences naturelles. « Dans l'auditoire qui m'écoute, me disait-il, je vois ras- semblés des élèves admis depuis quelques jours seulement a l'usage de leur liberté, soumis à toutes les passions de la jeunesse, n'ayant plus pour les guider la direction immé- diate de leurs maîtres, et privés encore des enseignements