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136                      DES LETTKKS

que leur donnera plus tard l'expérience de la vie. Combien
de fois je me suis dit qu'ils auraient avant tout besoin d'élé-
vation dans leurs idées et de direction dans leur conduite ;
et, cependant de quelle manière agir sur leurs sentiments a
propos des minéraux et des plantes ? Si j'eusse été chargé,
continuait-il avec chaleur, d'un cours de littérature quelcon-
que, que mon rôle eût été différent ! Dans la mythologie la
plus absurde, j'aurais montré la trace de ces vérités fonda-
mentales qu'on retrouve au fond de la conscience de tous les
peuples ; et j'aurais signalé chez les hordes les plus sauvages
ces notions de Dieu, de justice absolue, ces distinctions du
juste et de l'injuste, ces sacrifices et ces expiations qui
portent tant d'enseignements avec eux ; si j'avais eu à com-
menter le poème le plus obscur ou l'histoire de la peuplade
la plus inconnue, j'y aurais trouvé un texte naturel de ré-
flexions morales, d'admirations ou de blâmes propres à diri-
ger et à échauffer les âmes de cette jeunesse tant aimée.
Mais que puis-je faire, emprisonne que je suis dans l'obser-
vation des faits et dans le cercle des dissertations dont le
côté le plus noble est de distinguer la vérité de l'erreur ? »
   J'écoutais mon ami, et si j'avais eu des préjugés contrai-
 res, j'aurais dû me rendre à l'évidence de ses raisons.

                              V.

   La notion du beau, moins importante que celle du vrai,
et surtout que celle du .bien, n'est pas moins nécessaire
à tout esprit cultivé ; elle complète l'éducation, comme les
tableaux et les statues achèvent la décoration des édifices
dont on a préalablement assuré la solidité et l'appropriation
à leur objet.
   Ce serait bien a tort que l'on voudrait refuser aux sciences
d'éveiller l'idée du beau. En présence de découvertes qui