page suivante »
ET DES SCIENCES. 125 L'homme est assez puissant pour être a la tête des êtres créés ; il est assez faible pour avoir un besoin constant de l'usage de toutes ses facultés, de l'aide de ses semblables, et de l'assistance de Dieu. Mais quelle est la mesure de cette puissance et de cette faiblesse? et quelles sont sous ce rap- port les enseignements des lettres et des sciences ? A première vue, il est impossible de résoudre cette ques- tion. Il y a pour l'homme un égal sujet d'orgueil dans les chefs-d'œuvre de la poésie et dans les grandes découvertes ; l'art de persuader et d'émouvoir a ses limites comme celui de dominer la nature. Mais si l'on envisage la disposition d'es- prit que fait naître l'étude des sciences, on ne doutera pas que, donnant une conscience imparfaite de notre faiblesse, elle n'exalte dans notre esprit la valeur de notre temps et de notre nationalité. La plupart des découvertes et des inventions sont de date récente. La physique, la "chimie étaient presque incon- nues de l'antiquité ; les faits, les théories et les applications qu'elles embrassent remontent à peine à deux siècles ; elles sont en partie le produit du labeur contemporain. La rapi- dité avec laquelle se sont succédées les découvertes ré- centes ont rendu presque inutiles les ouvrages anciens qui ne contiennent dans les sciences naturelles et chimiques que des aperçus incomplets, mêlés a une multitude d'erreurs; l'expérience des personnes âgées est loin de suppléer aux avantages que donne à la jeunesse un enseignement fortifié des progrès les plus récents. De là , le peu d'importance a s'enquérir de ce que faisaient nos pères, à consulter l'opi- nion des vieillards et a se préoccuper des traditions. Les méthodes de recherches s'ajoutent à la nature des résultats pour fortifier cette disposition d'esprit. C'est par l'observation, l'expérience, et l'induction déduite des faits que les sciences ont si remarquablement progressé depuis