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124 DES LETTRES suivie d'un prompt retour, sous l'empire d'une fable ingé- nieuse ; que les agitations du Forum où la foule réclamait le pouvoir, et d'où « on la voyait tourner les yeux vers les patriciens, dans tous les grands périls, et attendre leurs ré- solutions comme autant d'oracles? » Qui nous donnera une idée plus vraie et plus haute des classes supérieures de la société que ce Sénat romain , où, suivant l'expression de Bossuet, « se conservaient les anciennes maximes et l'es- prit, pour ainsi parler, de la République ; ce Sénat où se formaient les desseins qu'on voyait se soutenir par leur propre suite, et où l'on ne prenait jamais de résolutions plus vigoureuses que dans les grandes extrémités. » Si, après avoir passé de la famille aux diverses classes qui forment une nation vous portez vos regards sur les nations elles-mêmes ; si vous cherchez a connaître ces grandes ag- glomérations d'hommes où vont se multiplier en quelque sorte les vertus et les vices des individus, n'est-ce pas en- core à l'histoire que vous devrez demander des enseigne- ments? L'histoire ici comblera votre attente;que dis-je, elle la dépassera ; car, si dans le progrès et la décadence des peu- ples vous n'avez cherché que l'homme, avec Bossuet elle vous montrera Dieu, « Dieu qui dirige tout vers l'accom- plissement de ses desseins ; qui donne et qui ôte la puis- sance ; qui la transporte d'un homme à un autre , d'une maison a une autre, d'un peuple a un autre, pour montrer qu'ils ne l'ont tous que par emprunt, et qu'il est le seul en qui elle réside naturellement. » Quoique l'âme se révèle surtout dans les œuvres des philosophes, des poètes et des historiens, on peut com- parer, sous ce rapport, au moins a certains points de vue. les enseignements des sciences avec ceux de la littérature. Je choisirai pour cette comparaison la question de la puis sance e) de la faiblesse humaines.