Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
[ Revenir aux résultats de la recherche ]
page suivante »
                    BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.                         417
    Parmi les princes qui figurent dans la Muse ottomane, il en
est un dont la vie et les malheurs se rattachent à notre pays,
et qui, à cet égard, mérite de nous une mention particulière :
Zizim, vaincu par son frère Bajazet II, se réfugia auprès de
Pierre d'Aubusson, grand-maître des chevaliers de Rhodes.
Conduit en France, il habita la ville du Puy, et, quelque temps
après, le château de Sassenage, où il devint épris de la belle
comtesse Philippine-Hélène de Sassenage, dont il conserva tou-
jours le souvenir. Après quelques mois d'un séjour trop heureux,
il fut conduit à Bourganeuf, où l'on voit encore la Tour de Zizim,
grosse construction féodale appuyée, contre les murs de la ville,
qui commande et domine une vaste vallée, et qui ressemble plus
 à une prison qu'à l'habitation d'un prince venu librement sous
la protection des lois de l'hospitalité. On sait qu'il fut empoisonné
 à l'âge de trente-six ans, à Naples. Voici des vers qu'on croit
 adressés à la belle Hélène de Sassenage. lis révèlent le cœur et
 le talent d'un poète, et font deviner quelle réputation il aurait pu
 acquérir dans le chemin du gai savoir, s'il n'avait pas eu le mal-
 heur de naître si près du trône.
       Des roses ! qu'on m'apporte une masse de roses .'
       L'amour a, dans mon sein, allumé tous ses feux.
       Des roses ! quelles fleurs aujourd'hui m'iraient mieux,
       Puisqu'elles ont l'aspect de lèvres demi-closes !
       Oli ! que je voudrais voir à ma bouche s'unir,
       Par un tendre baiser qui consolât ma peine,
       Ces lèvres de corail à la suave haleine,
       Ame de la Beauté que j'apprends à bénir !
       Le ciel, de mes malheurs a comblé la mesure ;
       Mais toi, sois secourable à mon cœur oppressé ;
       Et puisque de tes yeux les flèches l'ont percé,
       Viens de ta douce main fermer cette blessure.
       Tu m'accueillis chez loi : daigne dans ta bonté
       Me rendre d'un haut prix cette hospitalité
       En ne me donnant point de rival qui m'offense.
       Pèlerin, fugitif, du sort persécuté,
       Je prétends vivre encore avec magnificence,
       Et me faire admirer par mes nobles façons.
        Des roses, serviteurs ! du nectar, éehausons !           27