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ÉLOGE DE LOUIS-GABRIEL SUCHET. 217 fut le 3 janvier 1826, qu'il expira dans ces sentiments r e - ligieux qui font de la mort la plus simple une grande action, et qui, donnant de la noblesse aux moindres faits d'une vie chrétienne, les élèvent à la dignité de l'histoire. Pendant le cours de sa longue maladie, il aimait à parler des choses éternelles, et une certaine mélancolie pieuse attendrissait ses plus intimes entretiens. Perte cruelle pour l'amitié, pour le pays, et surtout pour ceux à qui Suchet accordait celte estime invariable et cette active bonté que rien ne remplace dans la vie ! Les regrets publics s'attachent de nos jours et s'attacheront encore long- temps à un soldat d'une si honorable mémoire ; ils récom- penseront ainsi ce beau caractère, et cette âme si bienveil- lante, si généreuse, si supérieure à l'envie et si naturellement passionnée pour tout ce qu'il y a de grand et de bon sur la terre. Nous n'essayerons pas de pénétrer plus avant dans ce no- ble cœur. Ce droit n'appartient qu'à l'amitié éloquente qui s'est fait entendre avec une grande autorité de douleur et de talent, soit sur la tombe du duc d'Albuféra, soit à la Chambre des Pairs, soit dans les regrets universels de l'ar- mée , soit enfin dans les acclamations unanimes qui dans son pays natal saluaient sa mémoire. Pour nous, il nous suffit d'avoir rappelé ce qui frappait tous les yeux , ce qui formait le caractère public de Suchet, cette probité imposante et simple dans les plus hautes af- faires, ce zèle actif pour la France , ce dévoùmenl si p u r , si désintéressé au chef de l'Etat , ce respect religieux pour les libertés publiques qu'il protégeait comme l'un des monu- ments de sa gloire. Nul n'avait montré plus de confiance que lui dans le gou- vernement de l'opinion par l'opinion , ni prodigué davan- tage à l'esprit du temps les libertés compatibles avec l'ordre