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218 ÉLOGE DE LOUIS-GABRIEL SUCHET. social et la monarchie représentative. Son esprit était épuré par l'expérience ; cher à l'armée, modérateur des partis , dans un temps où le seul parti patriotique était la modéra- tion des cœurs et la réconciliation des idées. Son avènement à la Chambre des Pairs offrait une noble figure à la liberté , celle d'un tribun militaire dans un guerrier homme d'Etal : il portait ce double caractère dans sa personne. Il nous suffit surtout de rappeler ce mouvement de conster- nation publique, ce deuil profond , lorsque la nouvelle de sa mort arriva en Espagne , dans ce pays conquis par ses ar- mes. Les Espagnols, à celle nouvelle, déposèrent sur son tom- beau la plus belle couronne civique. Ils s'étaient rappelés avec attendrissement l'administration d'un général qui, tout en les combaltanl sur un champ de bataille, savait faire res- pecter les droits et les biens des vaincus, et les consoler de leurs disgrâces à force de justice et de bonté. Il sied aux peu- ples qui ont le cœur bien placé d'avoir le sentiment des bien- faits autant que celui des injures ; la générosité n'est pas un vain mot pour eux ; ils sont invinciblement attirés vers qui agit avec dignité et noblesse. D'un autre côté, c'est le privi- lège des belles âmes de monter ainsi les autres à leur diapa- son, et d'inspirer comme de faire les nobles actions. Suchet avait honoré jusqu'aux ennemis de son pays par la considéra- lion qu'ils avaient pour lui. Suchet paya l'inévitable tribut dans la force de ses années el dans la fleur de son talent , car il n'avait que 55 ans.' Heureux ceux qui meurent jeunes encore , pleins de services el d'œuvres, alors que la vertu, la gloire les environnent ! heureux ceux qui tombent avant le temps , au milieu de leur renommée ! ils n'ont point vu les tombes de leurs amis ! heu- reux ceux qui s'éteignent dans le plein éclat de leurs succès , avant les revers qui attristent les nations ! ils ne se trouvent