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80 BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. çais, tels que sonnets et pastorales. Le chancelier Guy-de-Roche- fort, d'abord attaché au duc de Bourgogne, puis président du Parlement de Dijon, et chancelier sous Charles VIII, ne s'appliqua pas moins à l'étude des belles-lettres. François Olivier, ce chan- celier si intègre, n'en était pas un littérateur moins zélé. Le ver- tueux chancelier Montholon ne se distingua pas moins par son érudition que par son austère probité. Le président Pierre Séguier n'a-t-il pas laissé un traité philosophique de la connaissance de Dieu et de soi-même [de cognitione Dei et suî), qui a pu inspirer à Bossuet l'idée de son bel ouvrage? Enfin, qui ne sait que, outre ses travaux consciencieux et profonds, comme grand juriscon- sulte et comme grand ministre, Michel de l'Hôpital a laissé un recueil volumineux de lettres écrites en vers latins d'une grande élégance ? Ces goûts littéraires n'étaient pas seulement le partage des magistrats : tous les hommes qui se livraient à la science dans ce qu'elle a de plus abstrait et de plus aride, cherchaient leurs délassements dans la culture des lettres, et souvent même dans la poésie. Ne voyons-nous pas l'un des plus austères histo- riens se faire l'éditeur des poésies d'Alain Chartier? Aymar fit comme eux. Les loisirs que ses fonctions publiques lui laissaient, il imagina de les employer à des recherches his- toriques sur le beau pays qui l'a vu naître. Ses recherches,, de l'aveu même de ses juges les plus sévères aujourd'hui, sont du plus grand intérêt pour la connaissance complète du Dauphiné et des pays circonvoisins. Il a un avantage qu'il est impossible de lui contester : il a étudié les usages, les chartes, les lois, les mo- numents historiques de chaque localité, avant que le feu des ré- volutions soit venu, sous prétexte de réformes tantôt religieuses, tantôt politiques, incendier les châteaux, brûleries bibliothèques et les archives, et disperser ainsi ou consumer tous les éléments de l'histoire. Il est évident qu'il a écrit, avec une entière bonne foi et avec un jugement très-sain, ce qu'il pensait des hommes et des choses de son temps ; que toutes ses remarques géographiques sur le Dauphiné sont très-judicieuses et pleines de justesse, qu'elles sont de nature à rectifier beaucoup de préjugés trop répandus ;