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                  ÉTUDE SUR FRAYSSINOUS.                   15

 bien des livres d'un certain renom qui sont sortis d'un court
chapitre de oelle apologie poétique. Le premier ouvrage
éclatant des premières années du XIXe siècle est resté, â cin-
quante ans au delà, ce que nous avons de plus original et de
plus grand en littérature. Dieu merci, le bien que peut opé-
rer un tel écrit, les pieuses pensées qu'il peut faire naître,
tout cela n'est point passé avec la nouveauté du premier
jour, et il faut bénir, malgré quelques misèresr de sa vie et
de ses autres ouvrages, le noble écrivain qui nous a légué
ce beau livre.
   A la veille presque de l'apparition du Génie du Christia-
nisme, quelques prêtres pieux et instruits avaient essayé dans
la tribune sacrée la défense des vérités pour lesquelles écri-
vait Chateaubriand. De simples catéchismes, commencés
dans celte église des Carmes qui fut rougie du sang des mar-
tyrs, au mois de septembre 1792, allaient bientôt devenir des
Conférences, en se déplaçant un peu, et par là se trouvait
inauguré un genre d'apologétique à peu près aussi neuf
comme œuvre oratoire, que l'était comme œuvre littéraire le
Génie du Christianisme.
   C'est ce que Frayssinous, à qui en est resté la gloire, ex-
pliquait lui-même dans un de ses discours. « Les temps où
nous sommes, disait-il, semblent commander un nouveau
genre d'instruction. Il faut bien que le médecin approprie
ses remèdes aux besoins, au tempérament du malade. Or,
telle est la maladie actuelle des esprits, qu'on ne peut opé-
rer leur guérison qu'en suivant une marche nouvelle. Que
si nos Conférences ne sont pas sans utilité, on voudra
bien nous pardonner ce qu'elles ont de singulier, de trop
éloigné du ton ordinaire de la chaire chrétienne ; et je me
persuade que leur utilité, si elle est réelle, doit nous absou-
dre devant Dieu et devant les hommes. »
   On ne s'est pas contenté d'absoudre Frayssinous ; il a élé