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 42                      LES TOURISTES A ROME.

     Puisque je suis sur le compte des Anglais, je vais les caracté-
 riser par le récit d'un fait dont j'ai été témoin. C'était un jour
 de grande fête à Saint-Jean-de-Latran, au mois d'avril 1847;
 je crois qu'on y faisait une ordination ; je ne me rappelle pas
 si la cérémonie était réhaussée par la présence du pape , mais
 dans tous tes cas les cardinaux composaient l'assistance. Il y
 avait beaucoup de monde , surtout dans la partie de la basi-
 lique qui avoisine l'abside où des tribunes, élevées des
 deux côtés du transsept, étaient garnies de ces curieuses dont
 j'ai déjà précédemment parlé. Le public, en dehors des places
 réservées, ne pouvait pas apercevoir les détails de la céré-
 monie. J'étais dans la grande nef, près du tombeau en bronze
 de Martin V, lorsque deux anglais, qui n'avaient pas pu se
 poster convenablement, imaginèrent un admirable moyen pour
 tout voir à leur ai^e. Dans les basiliques de Rome, l'autel ,
 suivant un usage primitif, est placé de telle manière que le
 devant est tourné vers le fond de l'église ; par conséquent
 l'officiant regarde toujours du côté desfidèles, et les assistants,
 répandus dans la nef, se trouvent derrière. Pendant que j ' é -
 coutais tranquillement une excellente musique , je vois un de
 mes touristes qui monte les marches, pose sur le grand autel
 son chapeau et son parapluie , et, s'aidant des pieds et des
 mains , se hisse au-dessus des spectateurs. Son compagnon
 commençait à l'imiter, et mes deux gaillards se disposaient
 probablement à s'asseoir sur la table de l'autel, lorsqu'un
 des sacristains les pria de descendre , ce qu'ils firent, il faut
 le dire , sans la moindre résistance , en reprenant tranquille-
  ment leurs chapeaux et leurs parapluies. Ils avaient exécuté

  Caul a soutenu que la chute de Louis-Philippe a été un châtiment du ciel, et
  la juste punition de ce qu'il avait renversé la reine Pomaré, dans l'intérêt du
. catholicisme. J'ai trouvé cette opinion d'un grave docteur excessivement plai-
  sante. Le bon Dieu prenant sérieusement le parti de la reine Pomaré est une
  charge des plus chavivariqvies.




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