page suivante »
POÉSIE. Un regard tout à l'heure aura tari tes pleurs, Et tu viens me troubler du bruit de tes douleurs Dans ma quiétude immortelle .' Allons, poète, allons ! sèche tes yeux mouillés ; Reprends avec respect tes livres effeuillés, Et fais accueil à l'espérance : Vois donc ! tout te sourit et t'aime dans ces lieux ! Mesure du regard ces arbres déjà vieux, Contemporains de ton enfance ; Revois en souriant les témoins de tes jeux, Quand ton cœur ignorait les soupirs orageux ; Cette forêt Hospitalière, Cette maison paisible, et ces prés, et ce chien Dont le regard aimant semble appeler le tien ; Baigne-toi dans cette rivière ; Retourne à tes amis, qui d'un œil inquiet, Sans cesse ont poursuivi l'ingrat qui les fuyait ; Souris à ta mère charmée, Le temps se hâtera, complice de ton cœur, Et l'heure n'est pas loin, ô thon jeune rêveur, Où tu verras ta bien-aimée. L'AMANT. Il me semble qu'un souffle a fait frissonner i'air. Les fleurs de la forêt, ce matin même écloses, Relèvent vers le ciel leur calice entr'ouvert ; La neige des glaciers a pris des teintes roses : Voici l'heure discrète où fleurit le glaieul ! Le soleil s'est couché ; le vent du soir s'éveille Tout gorgé de parfums, comme une jeune abeille Qui sort en chancelant de la fleur d'un tilleul.