page suivante »
488 PÉLOPONÈSE. cette brume enflammée qui s'agite à la surface de la terre, sous l'influence des fortes chaleurs. Vers le milieu du jour, nous arrivâmes, exténués de fatigue et de faim, au khan d'Agla- docampo [xykx^oy.xfjLitoç), situé sur le penchant abrupt d'un aride vallon, en face d'une chaîne de montagnes désolées. Pou- queville désigne ce lieu comme étant l'ancien Apobathmes. Vil. KHAN D'.VGLADOCAMPO. Le khan est une espèce d'hôtellerie parsemée à de longs in- tervalles sur les routes désertes de la Grèce, construite en pierres mal jointes, ou en terre mêlée de feuilles et de branches , sans chambres, Sans étage, sans autre foyer que le tronc d'arbre qui brûle au milieu pour tout le monde , et autour duquel le pas- sant, voyageur, laboureur, soldat ou prolétaire, s'assied, s'é- tend, s'installe avec nonchalance sur une pierre, ou plus sou- vent sur le sol même. La physionomie étrange de ces caravan- sérails frappe l'imagination ; la fatigue que l'on ressent, l'ac- cueil hospitalier qu'on y rencontre , vous font goûter un repos plein de charmes. Pendant que mon guide préparait les vivres, hâtant et gourmandant le maître du lieu , vieillard cassé, qu'ai- dait une femme aussi âgée que lui ; pendant que l'agoïate et ses hommes allaient et venaient, remplissant cette cabane d'un tu- multe inaccoutumé, je remarquais un groupe de quatre ou cinq hommes assis au coin de la salle opposé à celui où je me trou- vais ; ils paraissaient ne s'être nullement aperçus de notre arri- vée. Quelques instants après, trois d'entre eux se levèrent, re- chargeant leur fardeau sur leurs épaules, et reprenant leur long bâton de route ; en passant près de moi, ils me saluèrent et me souhaitèrent, selon la coutume du pays, un bon voyage et de nombreuses années. On est étonné de rencontrer, sous l'appa- rence rude et sauvage des paysans de la Grèce, tant d'aménité et de bienveillance. L'étranger qui a pris pied sur le sol de leur patrie, devient pour eux un ami ; l'antique tradition de l'hospita-