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                           t'ÉLOPONÈSE.                         487

encore une autre issue, par laquelle Pluton regagna ses sombres
domaines, après avoir enlevé la fille de Cérès.

                                VI.

    Tout le littoral, qu'on suit en sortant de Lerne, est couvert de
marais d'où s'exhale la fièvre. Il est peu de contrées en Grèce qui
ne soient infectées de ces miasmes contagieux ; je ne sais quel ve-
nin caché circule dans ce ciel si pur en apparence ; les ombrages
les plus frais sont perfides , les sites les plus attrayants renfer-
ment des dangers ; on est attristé de voir ces airs méphitiques
empoisonner une si claire atmosphère et de si beaux rivages.
Peu à peu, nous nous approchions des montagnes, rencon-
trant à chaque pas des torrents profonds comme des précipices
qu'on dirait creusés par un récent orage, et dans lesquels , ce-
pendant, de rares hivers ramènent seuls des ondes. Nous com-
mençâmes ensuite à gravir une pente escarpée où s'élèvent
çà et là de grosses touffes d'arbrisseaux épineux. Là, le che-
min est difficile : on avance lentement. Le sommet semble s'é-
lever davantage à mesure que la fatigue augmente, et la cha-
leur du soleil, qui se concentre au sein de ces ravins sans issue ,
pèse sur le front du voyageur. Son regard, qu'il ne peut fixer à
 ses pieds sur un terrain qui brûle, s'abaisse un peu plus loin sur
la plaine d'Argos et la mer, gplendide tableau dont les premiers
plans sont des rochers aux chaudes couleurs, aux ombres ac-
centuées, aux formes variées à chaque détour du chemin. A. me-
sure qu'on s'élève par cette route qui tourne sans cesse et se re-
plie sur elle-même , formant sur la montagne des étages mul-
 tipliés, l'azur du golfe devient moins bleu , puis il finit par s'é-
teindre et se confondre dans les vapeurs lumineuses qui flottent
 dans l'espace. Enfin, au sommet du mont, au dernier détour du
 sentier, tout change : les grands horizons s'évanouissent, la
 mer disparaît, sans qu'on ait eu le temps de lui dire un dernier
 adieu. On ne voit plus autour de soi que des cimes bizarrement
 groupées, des abîmes qui menacent, des vallées à la sombre
verdure, dont la profondeur paraît plus grande encore à travers