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464                HISTOIRE DES JOURNAUX DE LYON.
Collot ne fui pas assez barbare ; tu n'as jamais crié , en lieu éminent, q-u'il
l'alloit s'armer de mille poignards contre deux négociants honnêtes. Picot et
Fazy, s'ils échappoient à la hache de la loi; tu n'as jamais voulu mécham-
ment persuader qu'une plume étoit un sabre; tu n'as jamais          J'étois ab-
sorbé dans mes pénibles recherches lorsque mes conducteurs m'avertirent
que j'étois arrivé au lieu de ma destination ; ils me firent entrer et le con-
cierge m'admit dans sa maison, sans trop les chicaner sur mon billet de loge-
ment.
   « Pendant que le greffier m'écrouoit, j'appris que les détenus, au nombre
de trente, étoient presque tous des assassins ou des voleurs, autrement des
Jacobins, dévorés de l'amour sanglant de la patrie et de la soif insatiable
de l'or des patriotes. Ils avoient tous été ou officiers municipaux ou adminis-
trateurs du district et du département, ou juges des tribunaux, sous la tyran-
nie de Robespierre ; de sorte que la maison des Recluses étoit une petite
Commune qui avoit tous ses corps consilués. Je demandai au concierge une
chambre particulière.—Je suis Phizoloziste, me dit un des guichetiers         je
vas te mettre avec Langheac.
   « Ce Langheac étoit un ci-devant marquis de la ci-devant Auvergne, qui
avoit été condamné dans un jugement de la dernière Commission de Lyon à
être détenu jusqu'à la paix, pour n'avoir rien fait pour la Révolution...
   a La nouvelle de mon entrée aux Recluses se répandit bientôt parmi les
prisonniers, et, presque au même instant, je reçus leur visite. Ils s'étoient
rangés en cercle autour de moi, et sembloient examiner en silence le chan-
gement qu'une fuite de quinze mois pouvoit avoir produit dans mes traits.
Je les considérois de mon côté. Instruit des horreurs inouïes dont ils s'étoient
souillés, j'étois réellement étonné de leur voir une ligure humaine. Il est vrai
que le sang des citoyens , dont ils s'étoient abreuvés si longtemps sembloit
suinter des pores de quelques-uns d'entr'eux. Je reconnus...
   < Enfin, le cordonnier Beaud rompit le silence : « A propos, ont dit, vous
    c
« autres, qu'il y a t'un propectus du Journal de Lyon, imprimé, qui dit comme
« ça qu'il dira que tous les patriotes sont des dilapidaleux et des buveux de
« sang, et que tous ces scélérats de rebelles sont de braves républicains. » Et
le cercle honorable aussitôt d'applaudir, et le cordonnier Beaud de continuer
sur le même ton. Las, à la fin, des sarcasmes plats et grossiers lancés indirec-
tement contre moi, je dis aux corps constitués, réunis aux Recluses pour la sû-
reté publique : < Je ne dois pas craindre de vous apprendre ce que vous savez déjà.
                 c
« L'auteur de ce prospectus, c'est moi. Le premier numéro du journal annonce
« est dans ma poche; le second n'est que dans ma tête. J'ai besoin d'être seid. »
—« Personne n'a s'entendu le fûcher, répondit alors monsieur Beaud, chacun