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                  HISTOIRE DES JOURNAUX DE LYON.                              465
y est z'ici pour son compte. » Et les vertueuses autorités se retirèrent en disant
assez haut : « Vive Tellier, ça ne va déjà pas tant mal poumons, puisqu'on/.. de-
dans les aristocrates. »
   « Je m'atteadois à être interrogé dans la journée. Je ne fus point appelle.
Mais les 24 heures dans l'espace desquelles la loi veut qu'un homme arrêté
soit entendu n'étant pas encore expirées, je n'avois pas le droit de me plaindre.
   « Je croyoiS) après la première visite que j'avois reçue, être quitte de
toute autre. Il m'en fallut subir le lendemain non-seulement une seconde, mais
encore celle de leurs femmes, de leurs sœurs, de leurs amis, de leurs amies, des
petits garçons et des petites filles. Les uns se contentoient de me regarder,
les autres me questionnoient, et quelques brocards étoient toujours mêlés
aux diverses questions. On se succédoit sans intervalle ; ceux-là entroient,
ceux-ci sortoient ; vous auriez dit qu'il y avoit écrit sur la porte : Spectacle
curieux et divertissant. Je crus, pour un moment, que j'étois un de ces objets
extraordinaires qu'on montre pour 2 sous à la foire.
   «. Celte seconde journée se passa sans que je fusse interrogé , mais comme
il s'étoit écoulé bien plus de 24 heures depuis mon arrestation, j'en fus
d'autant plus surpris, que Perret, avant d'être nommé agent national, avoit
vivement déclamé, dans une séance des Jacobins, contre les fonctionnaires
qui ne se confovmoient pas rigoureusement à la loi.
    « Enfin, le troisième jour,un guichetier vint m'avertir que j'étois attendu pour
être conduit à la Maison-Commune, où je devois subir mon interrogatoire. »


    Là s'arrête le récit de Pelzin. On vient de lire cet interroga-
toire avec les autres pièces du procès.
    Rendu à la liberté, l'audacieux écrivain trouva des amis et des
abonnés pour fonder et soutenir son journal. Sa plume, trempée
dans du fiel, fit plusieurs fois pousser des cris de fureur aux
hommes à qui la Convention avait confié le pouvoir. Pelzin les
poursuit sans relâche et sans pitié. Tantôt il rappelle les crimes
qu'ils ont commis, tantôt il publie les concussions dont ils se
sont rendus coupables. Dans ses pages le ridicule touche à l'hor-
rible, le burlesque à l'odieux. 11 fouille dans les ordres secrets,
dans les renseignements, dans les correspondances, et l'on est
confondu des choses qu'il en retire et qu'il expose au grand jour.
Ces révélations sont de l'histoire. Imprimées dans le journal,
 elles acquièrent une publicité qui ne leur était pas destinée et
qui redouble, s'il est possible, leur atrocité ou leur laideur. Qu'on
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