page suivante »
HISTOIRE DES JOURNAUX DE LYON. 333 Le 21 février, on fait une visite domiciliaire chez Carrier absent ; le journal subit trois jours d'interruption, du 26 février au 2 mars ; depuis lors, quoique le nom de Carrier soit toujours en tête de la feuille, celle-ci est signée de Fain, son collaborateur. Le 6 mars, Fain et la femme de Carrier, enceinte de sept mois, sont arrêtés à la sortie du spectacle ; interrogés par Sautemou- che et Laussel, ils sont relâchés, mais les persécutions d'une part et les invectives de l'autre continuent; Fain déclare qu'il fera la guerre aux TYRANS DE TOUTE ESPÈCE, et le 21 du même mois, Rocher, le sapeur parisien, affiche à la porte de l'Hôtel de Milan le placard suivant, spécimen du style de l'époque. LE SAPEUR PARISIEN AU JOURNALIER F A I N , CI-DEVANT DE LA CORBIÈRE. 11 faut, journalier Fain, que tu ayes bien.... mais j'dis bou- grement faim, pour alimenter platement, comme tu fais à la journée , l'imbécile et mercantile aristocratie de cette ville pes- tiférée. Il faut que l'expérience t'ait bien appris qu'un jean-foutre n'a rien à craindre d'un brave homme.... Non, gredin, je ne suis point venu pour défendre les commis- saires des atteintes des aristocrates, vous êtes tous trop lâches pour attaquer personne à découvert : les trois républicains, dont la présence te donne la fièvre, n'ont donc, contre vos pièges sou- terrains, d'autre ressource que leur courage et leur dévouement à la chose publique.... Je n'ai, animal, que les simples lumières du bon sens ; elles me suffisent pour m'apprendre que tout ci- toyen peut et doit invoquer la loi contre tout provocateur au meurtre. Mes principes là -dessus sont tels que, tout en te regardant comme la plus inutile des bêtes humaines, si des exagérés vou-