Revue du Lyonnais » série 2 - n°3 ( 1851 ) » pp.332

332               HISTOIRE DES JOURNAUX DE LYON.
tis ont complètement modifié les opinions du journal. Le Dé-
partement composé de Girondins, s'attache à réunir autour de
lui tout ce qui n'est pas jacobin forcené. Des secours donnés
au moment où la feuille allait succomber l'ont ralliée à l'ad-
ministration ; depuis lors, elle prend à partie la Municipalité,
les Représentants envoyés à Lyon, leurs adhérents, et surtout
Laussel qu'elle livre à la risée et à la vengeance du public.
   Aussi, dès le 18 février 1793, Chalier écrivait-il aux citoyens
membres composant le Comité de sûreté générale de la Conven-
tion nationale :
   Une conspiration épouvantable a éclaté hier à soir en cette ville... La
faction feuillantine, rollandine et aristocratique, qui est la même, a le des-
sus. Tremblons pour l'avenir si vous ne manifestés en cette occasion ce qu l
convient pour écraser nos ennemis. Comme ils sont en nombre infini, il ac-
croît tous les jours... veillés, veillés tous, veillons sans cesse, et que la
tête de cet infâme Roland tombe enfin sur l'échafaud.
et le 7 avril à son ami Renaudin, à Paris :
   Ami et frère, je suis aux abois, je ne sais plus où j'en suis à l'aspect de
tant d'abominations, de tant de trahisons... Sauvés, sauvés la ville de Lyon,
elle est perdue !... J'ai proposé à Bazire le muscadin, à Rovère le rusé, à Le-
gendre le vipère plusieurs moyens de réforme. Rien, rien, rien... Les fem-
mes aristocrates de ce pays leur ont fait tourner la tête... Que peuvent faire
les administrations sous un triumvirat de cette espèce, attendu que la plupart
même sont gangrenés. Faites, mon ami de cœur, connoître la position des pa-
triotes chauds de Lyon, aux bons patriotes des Jacobins, à Robespierre, à
Danton, à Marat, à Merlin, à Saint-Just... Saches que quand votre ami
Chàlier parle c'est le plus pur langage de la vérité... Adieu, adieu ! salut,
santé et fraternité.
  Votre ami et celui de l'égalité.
                                                              CHALIER.

   ... Embrasse pour moi , ami de cœur, et ton épouse et celle de Retourna...
On a fait ici, hier, une visite domiciliaire, mais elle sera encore, comme tou-
tes les autres, très-infructueuse, parce qu'on ne s'y prend jamais du bon côté.
   La faction Roland a tout gangrené. Un journaliste calomnieux payé par
Lebrun, ministre des affaires étrangères, sous le nom de Carrier, égare, per-
vertit l'opinion publique des âmes foibles. Prudhomme depuis longtemps est
devenu mauvais.