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252 AUTOBIOGRAPHIE Ah ah ! dit-il, en me frappant galment sur l'épaule, que la pein- ture , que la peinture ! et les courtisans de répéter ces mots. Mais, chose étrange, ces mots parvinrent jusqu'à Bruxelle, à l'oreille même de David , qui trouva dans ma réponse un compli- ment flatteur, disant que, pour parler sans détour, je m'en étais fort bien tiré. A cette époque, je fus compris dans la distribution de croix d'honneur qui signala le passage du prince à Lyon. A la fin de cette année 1814, j'épousai une de mes élèves, en qui j'avais reconnu, depuis longtemps, les qualités d'une femme accomplie. Je cite cet événement de ma vie privée, parce que ma femme a beaucoup contribué à ma vie artistique par un senti- ment exquis des arts et par l'énergie de son caractère, qui sou- vent a#ranimé l'indolence du mien. En 1817 , j'obtins le titre de peintre de Son Altesse Royale Monsieur, en lui offrant un tableau représentant Madame Elisabeth, que j'exposai alors au Salon. Ce titre fut changé en celui de peintre ordinaire du roi, lors de l'a- vènement de Charles X à la couronne. De 1817 à 1819, je pei- gnis, pour la galerie de Fontainebleau, Tannegui du Châtel sau- vant le Dauphin de la poursuite des Bourguignons sous le règne de Charles V. Je peignis aussi un petit cloître que j'appelai l'Hermitage de Vaucouleurs, en y plaçant Jeanne d'Arc consul- tant l'hermite sur la mission qu'elle doit accomplir. J'exposai ces tableaux au Salon de 1819. Le premier fut placé à Fontaine- bleau , le second au Luxembourg. Au Salon de 1817 j'avais exposé Madame Elisabeth dans sa maison de Montreuil, faisant donner du lait aux pauvres en- fants du village. Ce tableau était destiné à Son Altesse Royale Monsieur, qui m'en fit donner douze mille francs et le titre de peintre de Son Altesse, comme un témoignage du plaisir que lui causait le portrait de sa sœur bien-aimée. J'avais aussi, au même Salon, la Duchesse de Montmorency répondant au page du car- dinal de Richelieu d'aller dire à son maître qu'il avait trouvé la veuve du duc de Montmorency pleurant encore, après vingt ans, sur le tombeau de son époux. Ce tableau fut acquis pour la galerie du Luxembourg.