page suivante »
DE M. FLEURY RICHARD. 253 Pour le salon de 1822, je peignis Montaigne visitant le Tasse dans la prison des fous, à Ferrare ; puis, après, la mort du prince de Talmont, tué à la bataille de Marignan ; j'ai supposé qu'il fut secouru par les Chartreux de Pavie et transporté à la Chartreuse. Monsieur, ayant acquis ce tableau au prix de douze mille francs, les descendants de cette illustre famille, un prince de Talmont et une princesse de la Trémouille m'en firent demander chacun une répétition, avec l'autorisation de Son Altesse. Le succès de ce tableau m'engagea à traiter encore un sujet de cette famille. J'i- maginai de peindre le Retour de Louis de la Trémouille dans sa maison, après la mort de son fils. Je peignis ce vieux chevalier revêtu de son armure avec une écharpe noire et des plumes noi- res sur son casque , arrivant au château de Thouars ; son petit- fils accourt se jeter dans ses bras, la princesse de la Trémouille, soutenue par sa belle-fille, descendent au-devant de leur père et de leur époux. Pendant que je terminais ce tableau et celui du Tasse visité par Montaigne, je fus nommé associé correspondant de l'Académie des Beaux-Arts de l'Institut. Le célèbre sculpteur Lemot, en té- moignage d'amitié, m'en donna le premier avis, daté du ^ j a n - vier 1822, sur le bureau de l'Institut, séance tenante. J'avais reçu le diplôme de membre de l'Académie d'Amiens, le 15 juillet 1821, j'étais de celle de Genève, en 1811, et de celle de Lyon depuis 1801. Jesignaleici ma nomination à la chaire de professeur de peinture à l'École des Beaux-Arts à Lyon (1). J'y fus appelé en (i) Si, pendant les cinq années que j'ai dirigé l'Ecole de peinture à Lyon, j'ai eu le bonheur d'avoir des élèves qui se sont fait un nom, tels que Mes- sieurs Duclaux , Jacquand , Biard , Gleyre , Cornu et quelques autres , je dois noter aussi un fait extraordinaire , c'est que plusieurs de mes élèves, qui avaient un vrai sentiment de l'art, ont abandonné la peinture pour embrasser l'état ecclésiastique, dans lequel ils se sont distingués : M. Boniver, par sa vaste érudition sur tout ce qui traite de la religion, qui lui fît occuper digne- ment la Chaire de théologie au Séminaire de Saint-Irénée; M. Desgeorge», par son noble caractère et par son éloquence persuasive dans la prédication ; M. Drevet, par son zèle comme aumônier de l'École Vétérinaire; M. Philipon, par sa profonde résignation chez les Maristes, et M. Servant, par son caractère