page suivante »
250 AUTOBIOGRAPHIE Méditations et ses Harmonies. » J'avais besoin de toute ma rai- son pour n'en pas perdre la tête. Cependant, je ne m'enorgueillis pas, parce que je sentais mon infériorité - liranet me semblait bien supérieur à moi par la hardiesse et l'esprit de sa touche qui tenait du sang provençal, tandis que mon caractère timide et mé- lancolique s'apercevait dans mes ouvrages. Puis je pensais que ce succès ne pouvait être qu'éphémère, si je ne cherchais à le rendre durable par quelqu'ouvrage plus capital. Aussi je hâtai mon retour à Lyon pour m'y occuper des moyens de soutenir la bonne opinion qu'on avait de moi. François Ier, Charles VII, Vertvert succédèrent à Valentine, et le public n'eut pas moins d'indulgence à les recevoir au Salon de 1804. Je m'occupai alors de plusieurs tableaux pour le Salon de 1806, et voulant exprimer un profond sentiment d'amour, je peignis d'abord Louis XIV aux pieds de La Vallière, puis La Vallière carmélite, laissant son livre de prière pour contempler une plante de lys posée sur la fenêtre de sa cellule. Le prince Eugène, passant à Lyon, me demanda de lui envoyer ce tableau à Milan, après son exposition au Salon du Louvre , et il me fit remettre un diamant de deux mille écus. Je fis ensuite Jacques Molay, exhorté par son confesseur avant d'aller au supplice ; un chevalier priant dans une chapelle ; puis la momie d'Henri 1V, exposée à Saint-Denis, telle qu'elle le fut, lors de la violation de son tombeau, en 1793. Ce tableau fut acquis par Madame de Mortfontaine, qui en fit hommage au roi Louis XVIII, et depuis 1830 je ne sais ce qu'il est devenu. Au Salon de 1808, j'exposai Marie Stuart s'administrant elle- même le sacrement de l'Eucharistie, puis la déférence de Saint- Louis pour sa mère. Ce dernier tableau fut apprécié douze mille francs par l'impératrice Joséphine, qui me fit un très-gracieux accueil en me remettant elle-même cette somme, et en me don- nant le titre de peintre de Sa Majesté, disant qu'elle voulait faire un salon de mes tableaux avec mon buste au milieu. Le détail de la visite que je fis à la Malmaison, visite qui fut très-longue, dépasserait les bornes et le but de cette notice. Enchanté de l'accueil que j'avais reçu de l'Impératrice, je re-