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240 DE LA SAONE. et le duc de Bern, et dont une relation du temps nous a conservé la pompeuse description (1). (1) Extrait de la Relation de ce qui s'est fait à Lyon au passage de Monsei- gneur le duc de Bourgogne el de Monseigneur le due de Berry, depuis le 9 d'avril jusqu'au 13 du même mois 1701. « Le Mercredy treizième du mois, le temps se trouvant encore parfaite- ment beau, Messeigncurs les Princes allèrent à six heures et demie du mâtin entendre la Messe dans l'Eglise des Célestins. Toutes les rués par où ils de- voeint passer depuis la porte de leur Palais jusques au lieu de l'embarque- ment étoient bordées d'une double haye de la Bourgeoisie, au nombre de sept mille hommes, sans compter les Officiers, et sans y comprendre les Compagnies particulières dont on a parlé dans toute celle Relation. « Le bateau dans lequel s'embarquèrent Messeigneurs les Princes avoit environ 65 pieds de long, 12 de large et 9 de haut. Le salon pour les Gar- des, qui avoit 10 pieds de long, étoit tapissé de brocatel avec deux.grandes formes couvertes de même et matelassées. La chambre des Princes de 26 pieds de longueur étoil garnie d'un damas rouge cramoisi, et ornée de deux canapés avec ses carreaux à houppes d'or, de 24 perroquets, de deux fau- teuils , de deux chaises, deux tables, le tout de velours cramoisi, avec les crépines et les moletes d'or. Les portières étoient de damas avec des cré- pines d'or. La cheminée ou chauffe-panse étoit blanche et or, avec sa cor- niche dorée. Il y avoit dans la chambre cinq fenêtres de trois pieds et demi de large chacune, toutes à panneaux de glace avec des rideaux de taffetas blanc ; la cheminée occupoil la place de la sixième ; treize miioirs placés en- tre les fenêtres, à côté des portes et sur la cheminée achevoient de donner à celte chambre tout l'agrément qu'on pouvoit souhaiter. Les portes, qui étoient de glace et avec les châssis dorés, avoient huit pieds de haut et quatre de large. Le cabinet des Valets de chambre avoit dix pieds de long, il étoit tapissé de brocatel, et les autres meubles étoient de la même étoffe ; l'on y avoit pratiqué un escalier pour monter au dessus du bateau. « Tout le dessus de la barque étoit couvert d'un drap d'écarlate bordé d'un galon d'or, et la balustrade qu'on voyoit ornée tout autpur de filels d'or, sur un fond blanc, n'étoit pas le moindre agrément de ce balteau. La ma- nœuvre et les cordages n'ayant pas permis d'y faire un pavillon, on y avoit suppléé par deux parasols de damas garnis de galons et de franges d'or. Le grand mât porloit un pavillon blanc orné do trois fleurs-de-lys, et le mât d'arrière un pavillon bleu avec un lion d'or. Enfin on avoit eu toute l'atten-