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                                DE LA SAONE.                                   241
 L'Aigle avait une longueur de 53 mètres et une largeur de 4
mètres. La force de ses deux machines était de 40 chevaux. M.

lion imaginable à ne rien oublier de ce qui pourroit contribuer à sa sûreté,
à l'agrément, à la commodité et au bon goùl de ce bâtiment.
     « Ce batleau de Messeigneurs les Princes, outre celui de la Musique qn'i
 avoit à ses côtés, éloît accompagné de trois autres diligences partagées en
 deux chambres chacune et toutes tapissées à neuf. La première de ces
 diligences éloit pour l'équipage de Monseigneur le Duc DE BOURGOGNE ,
 la seconde pour celui de Monseigneur le DEC DE BERRV , et la troisième
 pour celui de Monsieur le Maréchal Duc de Noailles : outre ces quatre dili-
 gences , il y avoit trois grandes barques pour le bagage , pour les Suisses et
 pour les autres Domestiques; une pour lé carrosse du Corps, une pour la
 cuisine avec ses cheminées et tous ses fours différens, et une à côté pour
  le gobelet et pour la fruiterie, et qui faisoit en tout dix barques ou diligences,
 pourvues avec profusion de toutes sortes de pièces de gibier, de venaison,
 de liqueurs, de vins, et généralement de toutes les manières différentes de
 rafraichissemens dont on avoit pu s'aviser.
   «Cette petite flotte fut heureusement tirée par prés de quatre cens chevaux
qu'on avait choisis avec soin dans tout le Gouvernement, et qui dans le temps
du départ se trouvèrent tous à la fois postés depuis la route de Lyon jusques
à Chàlon, pour se relayer de deux en deux lieues.
    « Nosseigneurs les Princes, étant arrivés avant huit heures au Port Neu-
ville, qui étoit le lieu de leur embarquement, furent reçus par le Consulat en
Corps et en habit de cérémonie à l'entrée du batleau, où il eut l'honneur
de les conduire, et ce fut dans ces derniers momens qu'ils reçurent avec
toute la bonté imaginable les dernières et sincères marques de respect qu'il
s'empressa de leur donner. Dans cet instant, toute l'artillerie de Pierre-scize
et toutes les boites de la Ville tirèrent ; l'air retentit d'une infinité d'accla-
mations de Vive le Roy, et d'un million de vœux qu'on faisoit pour leur pros-
périté. Douze Prisonniers que le Consulat avoit fait mettre"en liberté, en
payant leurs dettes à l'arrivée des Princes, se présentèrent pour remercier
 leurs augustes Libérateurs. Les Bateliers se hâtèrent de signaler leur zèle par
quelques joutes nouvelles, et saluèrent les Princes en sejettant lous ensemble
dans la Rivière dès qu'ils les virent partir : on vil même sur le rivage un
grand nombre de personnes foudre en larmes en les perdant de vue , ei le
Ciel qui avoit jusques là favorisé de ses plus beaux jours le zélé et l'empres-
sement des Lyonnois, changea un moment après leur deparl, et il commença
à pleuvoir, comme il faisoit avant l'arrivée des deux grands Princes. »

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