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 162                  EXPOSITION UNIVERSELLE.
  parvenus à abolir la traite des noirs et à faire racheter les esclaves
   des colonies, au prix d'un demi million, trouveraient des mil-
   liards pour résoudre pacifiquement la question du prolétariat et
   toutes celles qui, groupées autour d'elles, forment ce qu'on
   appelle le Socialisme.
      Le Socialisme, il est vrai, n'a pas encore agité la Grande-Bre-
  tagne, car le chartisme n'est pas le socialisme. La question du
  prolétariat qui remue l'Europe et surtout la France n'est pas non
  plus absolument la même que celle du paupérisme d'Irlande ;
  mais aujourd'hui les peuples sont trop liés entre eux, les condi-
  tions du travail sont partout trop semblables (l'Exposition le
  prouve), pour que les agitations auxquelles sont soumises sur
  le continent les classes ouvrières ne se fassent pas bientôt res-
  sentir en Angleterre.
     Je le dis avec la conviction la plus profonde, ce sont les Anglais
  qui trouveront et appliqueront la solution pratique et pacifique
  des redoutables problêmes que l'esprit ou plutôt le cœur
  français a soulevés ; et ils la trouveront et l'appliqueront d'autant
  plus vite que 1-appel viendra de plus haut.
     Dans le fait de l'Exposition Universelle, on a vu d'abord, en
 général, un appel à la liberté du commerce. II est bien certain
 toutefois que les aveugles et les intéressés au système barbare,
 anti-religieux et anti-social des prohibitions, ne voient pas que
 l'exposition est le plus rude coup porté à ce système.
     Comme la liberté religieuse de la conscience et de la pensée, la
 liberté d'échanger les fruits du travail sera bientôt acquise aux
 vœux qui la réclament. Comme la liberté politique dont l'An-
 gleterre et la France ont été ies initiateurs dans le monde, la
 Jiberté économique, si puissamment préparée par les travaux
 de ces deux nations se répandra également parmi les peuples.
 Toutes ces libertés sont manifestement dans les vues de la Pro-
vidence et les hommes d'Etat qui se raidissent encore contre
 elles, s'égarent et se perdent indubitablement.
     L'exemple de Robert Peel devrait pourtant éclairer ces aveu-
gles et leur faire comprendre que la seule conduite à tenir au-
jourd'hui consiste à faciliter la transition du régime de la prohi-
bition à celui de la liberté.