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ESPOSITTON UNIVERSELLE. 163 On se tromperait pourtant, si l'on croyait trouver dans une complète liberté des échanges un remède immédiat et suffisant aux maux qui affligent ou qui menacent la société. On conçoit comment des hommes généreux émus à l'aspect des souffrances des classes pauvres, s'en prennent à la dernière forme qu'ait revêtu l'esprit jaloux et batailleur des nations du moyen âge et se persuadent que tout sera terminé pour le mieux, lorsqu'ils auront renversé ces vieilles barrières de prohibitions, derrière lesquelles les peuples abritent si misérablement leur vanité nationale ; mais pour les penseurs, les philosophes ou, mieux encore, les hommes d'état véritables, l'abolition du système prohibitif n'est qu'un pas de plus vers le but assigné à l'humanité, pour lequel bien d'autres efforts restent à faire. Dominés encore, à notre insu, par un esprit étroit de na- tionalité qui nous fait volontiers imputer à nos voisins la cause de nos maux, nous ne voyons pas que la consti- tution intérieure du travail les provoque et les développe bien plus encore que la concurrence extérieure, et que ces maux, nous affectant au dedans bien plus qu'au dehors, la liberté commer- ciale ne suffira pas seule à les guérir ; mais ce qu'on peut affirmer, , c'est qu'elle donnera pourtant une grande impulsion 'aux branches d'industrie qui ont de véritables racines dans le sol ou dans les aptitudes des populations et pour lesquelles ce qu'on a appelé protection n'est plus que gêne et entraves. Combien surtout notre France, si favorisée par la fécondité de son sol, par la douceur de son climat, la variété de ses richesses minérales, la vive et flexible intelligence de ses enfants, combien n'aurait-elle pas à gagner dans le mouvement imprimé à l'indus- trie et au commerce par la liberté ! Mais, encore une fois, la liberté commerciale que le monde appelle instinctivement, parce que Dieu la veut, ne ferait qu'une courte diversion aux maux qui nous tourmentent et qui nous menacent, si elle ne devait activement contribuer à développer le principe sacré de solidarité, d'association, d'unité de la famille hu- maine, au nom duquel le prince promoteur de l'Exposition a si heureusement inauguré cette grande fête de l'industrie universelle.