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LA COUSINE BRIDGET. 521 ter. Ma vue est si mauvaise !...., répondit-il d'une voix faible et tremblante; c'est singulier, je ne peux plus lire la Bible en gros caractère. Allons, c'est bien temps que je m'en'aille. — Eh bien ! Barnett, vous prendrez paisiblement votre repos, lorsque votre tâche sera finie, comme dit cousine Bridget. Il nous faut tous attendre notre moment, vous savez ; et c'est encore une grâce que vous puissiez sortir et jouir un peu de ce bon soleil. — Ah ! je n'ai plus de chaleur, plus de chaleur. L'hiver m'a mis la glace dans les os, et a chassé mon été pour toujours, ma fille !.... — Comment va pauvre Lucy ? Cousine Bridget sera bien aise d'avoir de ses nouvelles. Elle lui a envoyé un peu de gelée. — Mal, mal. Madame Mac Tavish est bien bonne ; mais la mort prend toujours ceux qu'elle a marqués, en dépit de nous tous. — Puis-je la voir ? — Oh! oui. Entrez. Et Minna franchit la porte du petit cottage. La propreté en était extrême. Sur un petit lit, reposait une jeune femme d'une pâleur mortelle et en proie à une toux vio- lente. Elle sourit à l'approche de Minna et lui tendit sa main amaigrie. Minna la prit dans les siennes, et, quand l'accès de toux eut cessé, elle se pencha sur la malade et l'embrassa. — Comment vous trouvez-vous, Lucy ? — Beaucoup mieux, merci. Je me lèverai tout à l'heure, lors- que Polly sera venue m'aider : je ne suis pas assez forte pour me lever sans son secours ; mais je le serai bientôt. — Je l'espère, ma chère /répondit doucement Minna. Ce bon temps chaud vous fera du bien,, je suis sûre. Je n'aurais pas passé sans vous voir. Cousine Bridget veut savoir comment vous êtes; elle vous a envoyé un peu de confiture. Lucy sourit, et, après une pause, dit à voix basse : — Etes-vous bien sûre que ce soit cousine Bridget qui l'envoie? Je m'imagine quelquefois que c'est cousine Minna. — Chut! dit Minna avec précipitation; ne parlez pas tant: cela vous fait tousser. Il faut que je m'en aille. Mais, dites-moi