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                              FLEURY ÉPINAT.                                481
 vint s'établir à Florence, dont le séjour lui fut plus agréable en-
core. Il était à cet âge où les ennuis de la vie sont surmontés
par cette ardeur du sang qui bouillonne dans les veines. Rien
ne décourage le jeune artiste qui a du talent. L'obscurité ne du-
rera pas toujours, la misère est un accident du moment, l'avenir
se fait voir en beau, les amis vous prédisent les plus belles,
les plus vastes destinées ; on le croit, et cela suffit.
   Cependant, la terrible année de 1793 pesait sur la France.
Le gouvernement romain, effrayé, ayant fait un édit pour que
les étrangers eussent à rentrer dans leur pays, lord Âilesbury
et sa jeune épouse furent obligés de quitter l'Italie. En passante
Florence, ils virent Épinat et voulurent l'emmener avec eux. Ils
lui offraient l'hospitalité la plus cordiale et la plus tranquille
en Angleterre. Un navire les attendait, prêt à quitter la Méditer-
ranée. Ils employèrent les instances les plus vives pour L'entraî-
ner. C'était au moment du siège de Toulon. La guerre était dé-
clarée entre la France et l'Angleterre. Est-ce cette considération
qui empêcha Épinat de suivre ses amis? Nous ne le savons pas,
mais il résista. Il leur fit de douloureux adieux, les vit partir
avec un chagrin profond, promit de ne les oublier jamais, ce fut
tout ce qu'on put en obtenir. Sans doute, la générosité de lord
Ailesbury,et son talent à lui auraient assuré son sort en-Angle-
terre. Peut-être, à Londres, eùt-il pu même se créer une fortune
plus brillante. Cette pensée fut inutile. Rien ne put le décider.
Il resta. A la Terreur succédèrent des jours plus tranquilles. Un
gouvernement moins oppresseur laissait respirer le pays. La mode
était de rentrer en France. Plusieurs émigrés qui habitaient Flo-
rence demandèrent des passeports au gouvernement, et revin-


la chaleur, et arrive à moilié mort dans une auberge de chélive apparence.
Là, il se trouve mal, et n'a que le temps de demander à boire. La servante,
effrayée , saisit une bouteille et remplit un verre, qu'Epinat vide d'un seul
trait. L'âcreté de la boisson le suffoque et le rappelle à lui. La servante s'é-
tait trompée, au lieu de vin, elle lui avait donné du vinaigre ; Épinat en
fut malade, et, depuis lors, il eut à la figure une irritation, des fgux qu'il
conserva jusqu'à la fin de ses jours.
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