Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
[ Revenir aux résultats de la recherche ]
page suivante »
                      EXPOSITION DE 1851.                       349
quel a exposé aussi plusieurs paysages qui ne manquent pas de
pittoresque, et qui ont également de la vérité. Le portrait de M.
Bernard est bien rendu , les vêtements du jeune cavalier sont
vrais, mais la tête est dépourvue d'expression ; et puis, c'est
une idée malheureuse que cette tête de cheval qui a l'air de sortir
d'un tronc d'arbre, sans qu'on puisse savoir comment. M. Ber-
nard a aussi exposé deux intérieurs : Abbaye de Tournus et
Maison des anciens comtes de Saint-Jean, à Lyon, qui ont du
mérite, et surtout beaucoup de vérité.
    Le portrait d'homme de M. Laèuria vaut mieux que son allé-
gorie Liberté, qui est un sujet malheureux ; quoique un peu
terne et un peu gris, c'est une bonne étude, d'un bon style,
et consciencieusement élaborée.
    M. Servan, le peintre ordinaire des paysages naïfs, s'essaye
dans le portrait : celui d'un ecclésiastique en pied, qu'il a exposé,
n'est pas le dernier mot du genre, mais il promet pour l'avenir.
    M. Saint-Jean est incontestablement le premier peintre de
fleurs et de fruits qu'il y ait aujourd'hui en Europe, et sa répu-
tation égale son talent, ce qui n'est pas peu dire. Aussi l'ap-
préciation des œuvres de ce maître devient de plus en plus diffi-
cile. Nous avons déjà répété si souvent les éloges dus à ce pin-
ceau magique, que la formule en est épuisée. Nous ne pouvons,
à l'égard de son tableau, fleurs et fruits, dans un vase Médicis,
et de son étude de raisins, que répéter une fois de plus ce que
nous avons déjà dit tant de fois : c'est magnifique, c'est admira-
ble, et l'on ne peut assurément aller au-delà dans la reproduc-
tion des natures splendides que M. Saint-Jean choisit à dessein
pour les placer dans ses tableaux. A ce sujet, nous nous plain-
drons d'un reproche injuste que l'on fait à ce grand peintre: on
l'accuse d'embellir la nature et de l'exagérer en ne la montrant
pas telle qu'elle e6t. Non, M. Saint-Jean n'exagère pas la nature,
seulement, en homme d'expérience, de tact et de bon goût
qu'il est, il prend les individus d'élite, de préférence à ceux qui
sont moins beaux ; il croit, et en cela il a cent fois raison, que
 l'art, qui a pour but de réaliser le beau, ne doit pas plus repro-
duire de mauvais fruits, laids et d'apparence misérable, qu'il ne