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EXPOSITION DE 1851. 347 groupés néanmoins sans embarras ni confusion, la sève et la vie circulent généreusement du premier au dernier plan, on peut même dire qu'elles surabondent. C'est bien là une de ces brû- lantes après-midi de juin ou de juillet, pleine de poussière et de soleil, insupportable dans la réalité, mais créée par Dieu à sou- hait et pour la plus grande satisfaction des artistes. Si nous en avions assez le temps, nous ferions ressortir, par l'examen des détails, la composition ingénieuse des premiers plans, avec leurs groupes de taureaux, de vaches, d'ânes, de chiens et de porcs, sans oublier, pour cela, de relever la finesse des plans plus éloi- gnés, où de charmants détails se laissent entrevoir et deviner. Les deux Intérieurs bressans, du même auteur, sont de char- mantes compositions, très-vraies, et remarquables par leur sim- plicité naïve et leur cachet rustique. M. Merle, dont le nom ne nous était pas connu jusqu'à pré- sent, s'est révélé à nous, pour la première fois, à cette Exposi- tion. Son charmant tableau, Migration de pâtres des Alpes, est l'œuvre d'un peintre d'infiniment de valeur et de talent. Ses animaux sont d'une vérité qui joue la nature, et ses petites fi- gures sont campées avec une grâce et une puissance que rien n'égale : l'homme qui boit, la petite femme qui tient une bou- teille à la main, sur le seuil de sa maisonnette, l'enfant placé à côté d'elle, le pâtre qui arrange le bât d'un mulet, les ânes, les moutons, les mulets, le chien aux longs poils qui ferme la marche, tout cela est ravissant de naturel et d'effet ; cela vit, cela marche. Dans un si bel ensemble , une seule critique est à faire ; le fond est trop brumeux, il manque de soli- dité, et ne se relie pas du tout aux valeurs des premiers plans. Nous sommes toujours hésitant et embarrassé, quand il nous faut dire une vérité dure à entendre pour l'oreille d'un artiste, quelqu'il soit, et, bien plus encore, lorsqu'elle s'adresse à un peintre en réputation, et qui a fait, maintes fois, preuve d'un in - contestable talent. Mais, la sincérité de notre critique ne nous permet pas d'abdiquer ; et, quelque pénible que soit pour nous cette tâche que nous avons prise, nous l'accomplirons jusqu'au bout, sans manquer à la loi que nous nous sommes faite, de dire