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EXPOSITION DE 1 8 5 1 . 345 briques de toutes sortes ; il n'y a pas, dans toute la Touraine et l'Orléanais, un seul monument historique, un seul château, qu'il n'ait reproduit plusieurs fois. C'est là une spécialité dans laquelle il est depuis longtemps passé maître, aussi sa Vue de Bruges est d'une finesse, d'une réalité et d'un charme que rien ne saurait dépasser. M. Hippolyte Garneray, au contraire, ne peint que les maisons séculaires, ventrues, à moitié détruites, et qui s'étayent les unes les autres comme par miracle. Ses deux vues, prises à Amiens et à Laval,' sont des chefs-d'œuvre dans ce genre. Nous allions oublier M. Jules Joyant, qu'on a si juste- ment nommé le moderne Canaletti, et qui a reproduit tant de fois, toujours avec le même bonheur, ces vues de Venise, qui ont ren- du la ville des doges presque populaire dans notre pays. Le Pont Rialto sur le grand canal et un Petit canal à Venise ne le cèdent en rien à ses précédentes compositions. Avec M. Joyant, le cercle des épithètes admiratives et louangeuses est bien vite parcouru; aussi, tous les éloges qu'on peut faire, de lui ne sont que des redites fastidieuses, auxquelles le public est depuis longtemps habitué. Une ruine antique au pied du mont Aventin, à Rome, prouve qu'en changeant son point de vue, M. Joyant n'abdique pas pour cela sa brillante couleur et toutes les belles qualités de son admirable talent. M. Louis Garneray est connu depuis longtemps pour un de nos meilleurs peintres de marine ; aussi, est-il fâcheux qu'il ne nous ait envoyé qu'une toute petite toile, très-remarquablement peinte, il est vrai. C'est une esquisse terminée d'un tableau com- mandé par le Ministre de l'Intérieur, et qui a pour sujet : La Prise du Kent par la Confiance dans le golfe du Bengale ; mal- gré la petite dimension de cette esquisse, il est cependant facile de juger, dès à présent, de tout l'intérêt que fera naître ce tâ^- bleau, lorsqu'il sera terminé. M. Jugelet n'est pas non plus un peintre de marine qu'on puisse dédaigner ; ses divers tableaux, représentent la mer sous ses aspects si variés, et ses côtes, qui ne le sont pas moins de forme et de couleur. La marine de M. Barry rentre dans les effets ordinairement cherchés par cet artiste ; ce sont toujours des navires en panne sur une mer