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326            ADOLPHE ADAM A LYON EN 1851:
Théâtre des choristes nombreux et excellents et un orchestre
complet, pouvant rivaliser avec les meilleurs de Paris ; des
sociétés particulières pouvant exécuter les grandes composi-
tions symphoniques, et un excellent orchestre d'instruments de
cuivre. J'ai vu, dans une même soirée, manœuvrer, dans deux
locaux diiférents, deux orchestres de bal, non moins nombreux
que ces orchestres monstres qui retentissent si bruyamment
dans nos bals de l'Opéra ; l'un était dirigé par Musard fils, qui
avait fait exprès le voyage, et l'autre par le second chef d'or-
chestre du Grand-Théâtre, qui compose de fort jolie musique de
danse, ce qui lui a valu le surnom de Musard lyonnais.
    Tous ces heureux changements sont l'ouvrage d'un seu
homme, mais d'un homme habile, actif et persévérant, dont la
place était déjà marquée parmi les plus célèbres et les plus dis-
tingués solistes, qui s'était vu applaudir et couronner à Paris, à
 Londres, à Berlin, à Bruxelles, et dans toutes les villes musi-
 cales de l'Europe, lorsqu'il consentit à se fixer à Lyon et à en
 entreprendre la régénération musicale. George Hainl est non
 seulement un violoncelliste de premier ordre, mais il est encore
 un des meilleurs chefs d'orchestre que j'aie jamais rencontrés,
 et l'espèce en est rare. Avant mon voyage à Lyon, je ne le con-
 naissais que de réputation, et, d'après la désinence toute ger-
 manique de son nom, je croyais trouver en lui un bon Alle-
 mand bien carré et bien méthodique. J'ai été agréablement désa-
 busé , en trouvant en lui un Français spirituel, vif, aussi
 distingué comme homme que comme artiste, et ayant avec moi
 cette similitude, que tous deux, fils d'Allemands, nous sommes
 tellement Français, que nous ne savons pas même un mot de la
 langue du pays où nos pères ont pris naissance. Tout en riant
 de cette conformité, nous sommes convenus, George et moi, que
 nos pères n'auraient pas eu tout-à-fait tort de nous enseigner
 leur idiome natal, avant de nous faire apprendre le grec et le
 latin, que nous ne savons guère, et dont nous nous servons peu.
    Les habitants des villes de fabrique et d'industrie sont, en
 général, peu portés pour les arts. Mais Lyon peut faire une ex-
 ception, à cause de la nature même de son industrie toute de