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                    DANS LES JARDINS FARNÈSE.                       321
   Le soir de la bataille, on les vit paraître sur le Forum ; ils étaient
   couverts de sueur et de poussière : ils se désaltérèrent, ainsi que
  leurs chevaux, dans le bassin de la fontaine de Juturne ; ils an-
  noncèrent la victoire remportée par les Romains, et disparurent
  aussitôt. La croyance populaire vit, dans les deux cavaliers, de
  puissants protecteurs, qui ne pouvaient être autres que Castor et
  Pollux. Tout près de là, on leur dédia un temple, auquel l'usage
  imposa seulement le nom de Castor.
      On voyait, dans la Via nova, un petit temple élevé à u« dieu
  singulier qu'on avait nommé Aius lovutius. Voici à quelle occa-
  sion on eut l'idée de lui consacrer des autels : quelque temps
  avant l'invasion des Gaulois, un homme du peuple passant dans
  la Via nova, entendit une voix mystérieuse qui l'avertissait de
  l'approche de ces redoutables ennemis. Les magistrats ne firent
  aucun cas de cette révélation ; mais l'événement prouva qu'ils
  avaient eu tort de se poser en esprits forts. Pour expier cette
  coupable indifférence, il fut ordonné qu'on élèverait un temple
 au génie ou au dieu dont on avait méprisé les avertissements
 bienveillants. Cicéron remarque, à ce sujet, que cette divinité
 était assez fantasque ; car, avant d'être connue, elle se faisait
 entendre, et, depuis qu'on lui offrait de l'encens, elle avait pris
 le parti de se taire.
     Je n'ai pas la prétention de faire la nomenclature et de dis-
 cuter la position de tous les monuments qui se trouvaient au bas
 de cette partie du Palatin, et de ceux qui avaient fait du Forum
le lieu le plus remarquable de l'empire. J'ai encore bien moins
celle de rapporter tous les faits mémorables dont ce quartier a
été le théâtre ; car, ainsi que je l'ai dit, ce serait écrire l'histoire
de Rome elle-même. J'ai seulement voulu rappeler quelques
souvenirs classiques. La nuit me surprend au milieu de mes
rêveries ; nos soldats ont déjà obéi au son de la retraite, qui se
bat dans tous les quartiers de Rome, et cette voix française, si
habituée à frapper mes oreilles, me reporte dans le monde de la
réalité présente.
  D'ailleurs, il y a longtemps que la plupart des monuments,
dont j'ai dit un mot, ont entièrement disparu. Néron, ce singulier
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