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DE LYON. 229 ancienne mer, au lieu de noyer un continent ; mais, pour tout dire, ces tra- ditions empruntées aux prêtres égyptiens ne me paraissent avoir d'autre va- leur que celle d'un souvenir confus des dernières révolutions du globe; valeur réelle néanmoins, car ce souvenir, ceux que les Grecs avaient conservés de la rupture du Bosphore et des colonnes d'Hercule, de l'existence d'un Océan caucasien et de la naissance des îles de Rhodes et. de Délos ; enfin, les croyances antédiluviennes de tant de peuples, protesteraient, jusqu'à un certain point, contre le plus important pour nous des résultats acquis jusqu'à présent à la science géologique. Elle ne connaît point de fossiles humains ; mais, toutes ces traditions primitives, si constantes et si générales, ne sont- elles pas aussi des fossiles d'un autre genre, et ne font-elles pas notre espèce au moins contemporaine des derniers bouleversements de notre globe? Il y a, dans le Syncelle et dans l'Eusèbe arménien, un passage qui m'a toujours sin- gulièrement frappé, c'est celui où l'historien chaldéen, Bérose, nous apprend que l'on conservait dans le temple de Bélus, à Babylone, les images d'une foule d'animaux primitifs, reptiles, serpents et monstres dont les espèces étaient perdues, et d'une variété prodigieuse de formes et de grandeur. Ne semble-t il pas que les fondateurs de ce temple avaient gardé quelque con- naissance de ces monstrueux mammifères et de ces gigantesques lézards dont la géologie nous révèle aujourd'hui l'existence oubliée ? Mais, la contagion me gagne, Messieurs, et j e me laisse aller moi-même à ces rêves d'érudition que je blâmais tout à -l'heure. Aussi, je m'arrête ; les critiques que j ' a i adressées à la science un peu aventureuse de M. Jolibois ne lui enlèvent point ce qu'elle a de réel dans le fond, de clair dans le style, et d'aimable dans une certaine bonhomie qu'il porte au milieu de ses discussions les plus ardues. Vos commissaires pensent, Messieurs, que les travaux et la réputation du curé de Trévoux lui donnent des droits à l'honneur qu'il sollicite, et que nous proposons à l'Académie de lui accorder. Post-scriptum. — L e lecteur et vous, M . le Directeur, pouvez apprécier maintenant les plaintes de M . Jolibois, la violence de mes critiques, la viru- lence de mes attaques. J'ai pu, quelquefois,m'exprimer avec sévérité sur des œuvres d'ignorance ou de charlatanisme ; mais, avec l'honorable curé de Trévoux, je crois m'être tenu, comme je le devais, dans les limites d'une dis- cussion franche et académique. Mais, puisqu'il m'oblige à dire toute ma pensée, je répondrai à mon tour que son érudition, certainement étendue, manque d'exactitude, de précision et d'impartialité dans les recherches, triple condition qu'exige rigoureusement la critique historique de nos jours, et qui la distingue si honorablement de la science trop souvent superficielle ou ro-