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224                       ENCORE LA. COLONIE GRECQUE
 bilitè, à la translation du corps de Trivier lui-même dans ce lieu, au com-
 mencement du VII e siècle.
     Nous devons à l'obligeance de l'un de nos collègues, Messieurs, la connais-
 sance de deux autres brochures que M. Jolibois regrettait, dans sa lettre,
 de n'avoir pu joindre à la précédente, et qui ont pour sujet la colonie grec-
 que de Lyon, et l'étymologie des noms de cette ville.
     M. Jolibois nous paraît moins bien inspiré, quand il veut prouver que
 Lyon, ainsi que Vienne et même Roanne, doit son origine à une colonie
grecque de Marseillais ou de Rhodiens qui auraient, plusieurs siècles avant
J . - C , remonté le Rhône et la Saône pour fonder sur leurs rives, et jusque
sur la Loire, des emporta ou comptoirs commerciaux. Toutes les preuves qu'il
apporte de l'existence d'une population grecque à Lyon, n'établissent aucune-
ment qu'elle fut antérieure à la conquête des Gaules ; et ce fait, qui s'ex-
plique fort naturellement sous la domination romaine, est par trop invraisem-
blable dans l'état de violence et de barbarie que les Colons marseillais au-
raient bravé, pour s'isoler dans l'intérieur d'un pays aussi sauvage, à cent
lieues de leur patrie et de toute protection (r). Les étymologies grecques que
M. Jolibois accumule autour de Lyon ne prouvent d'abord rien, chronologi-
quement parlant, et n'offrent, en second lieu, que des rapprochements forcés
ou des rencontres fortuites, parmi lesquelles je comprendrai, malgré l'autorité
de Pline et de saint Jérôme, le nom du Rhône, Rhodanos, qu'ils attribuent
aux Rhodiens, et Bochart aux Phéniciens. Les syllabes rho ou rha se retrou-
vent, comme racines, dans plusieurs langues du Nord, avec le sens de couler,
et rodo, particulièrement, signifie un gué en breton (2). Le Gaulois du IVe
siècle, auquel nous devons l'itinéraire de Bordeaux à Jérusalem (ou l'Annota-
leur toujours fort ancien qui a terminé son manuscrit, comme le donne à
entendre Wesseling), affirme que Rhodanus, en langue gallique, signifie vio-
lent, et les Celtes du Rhône n'ont pas plus attendu les Grecs ou les Phéniciens
pour donner un nom à leur fleuve (3), que ceux d'Ecouen, pour nommer
leur petit Rhône parisien, ou les Belges du pays de Trêves, pour leur Rho-
danus dont parle Fortunat, les Saxons, pour leur Roder, et les vieux Prus-


   (1) Je ne m'arrête point à un passage emphatique de Justin , dont cet auteur fixe lui-
même le véritable sens , une ligne plus haut , et dans le chapitre suivant (livre 4 3 e , chap. 4
et 5 ) .
  (a) Legonidec.
   (3) L'un des maîtres de notre histoire, l'illustre Adrien de Valois, a dit : Interpretationem
nominîs gentis Galltc% non in Grœcia, verum nusquam alibi qunm in Gallia quEeri conve-
niat. (Not. Gall, p . 599, voyez aussi p. 70.) RHODANO, suivant Bullet, signifierait encore
AUDACIEUX , VAILLANT, en irlandais.