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DE LYON. 225 siens pour le Rodaune de Dantzig. S'il faut rapporter aux Rhodiens le nom de Roidumna, et la fondation de Roanne, envoyez les donc aussi, dirais-je à l'abbé Jolibois, fonder Rodomum { c'est un des noms de Rouen ) ; Rhodium, Roye en Picardie, Rodonium, Rosny, et tous les Rhoden, Roda, Rodach ou Roden- berg qui existent sur le sol teuloniqne. J'en dirai autant de l'Arar, aujour- d'hui notre Saône, dont le faux Plutarque du Traite des Fleuves, donne à la fois deux étymologies contradictoires. Si ce nom est grec, grecs aussi doivent être et l'Araris de la Suisse ( l'Aar), et YArarus de Moldavie (le Sereth), et qui sait ? jusqu'à la mer d'Aral, toute ignorée qu'elle était dans les dé- serts de la grande Scythie. Bochart, lui-même, convient qu'Ara est un mot breton qui signifie lent, et dans lequel se retrouve littéralement le lenius Arca- des poètes latins. Quant à l'origine même du nom de Lugdunum, M. Jolibois repousse celte fois, et avec plus de raison, les étymologies grecques et latines, et s'en tient aux celtiques. Mais il e'st à remarquer, qu'à l'époque même où cette langue existait encore, on n'était pas d'accord sur le sens de ce mot. L'his- torien grec Clitophon, cité dans le Traite des Fleuves, l'interprète par Monta- gne des corbeaux, et le voyageur gaulois dont je viens de parler, le traduit par Mons desideratus (mont désiré). Est-il étonnant, après cela, quand les débris actuels du celtique ne donnent plus ni l'un ni l'autre sens, ou quel- que signification analogue au mol loug, ou à ses voisins les plus rapprochés, (je n'ose m'arrêter, Messieurs, au breton lik, qui signifie lascif), est-il éton- nant, dis-je, que les modernes aient autant varié sur la véritable acception de ce premier terme ? Il ne peut exister aucun doute pour le second qui conserve encore aujourd'hui sa signification de montagne ou de forteresse. M. Jolibois s'est décidé pour Louc'h, marais, ce qui fait de Lugdunum, la montagne des marais ; mais pourquoi, demanderai-je, ne pas choisir plutôt la racine gaélique Lugh, qui veut dire jonction (i) ? Lyon serait tout na- turellement la montagne du confluent. Il est vrai qne ce sens conviendrait peu à d'autres Lugdunum, comme Laon ou Lons-le-Saulnier ; aussi pensé-je qu'on devrait s'en tenir au Mont-De'sire' du voyageur gaulois, qui savait pro- bablement plus de celtique que tous les érudits de nos jours. L'Irlandais, s'il faut en croire Bullet, aurait même conservé le mot Luo, avec 4e sens d'ugréa- ble, de chose qui plaît. » Avant de quitter Lyon, Messieurs, vous n'entendrez peut-être pas sans étonnement que ce mot même de Lugdunum, ou Lygdunum, comme on disait au I V siècle, n'a pas suffi à quelques savants pour l'étymologie du nom ( 0 Mac-Alpine. t • 15