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                       SUR J.-M.-V. AUMN.                         217
     « D'abord il faut soigner ton écriture : il fut un temps où l'é-
 criture ne semblait que d'une minime importance. Il n'en est pas
 ainsi aujourd'hui, surtout dans le commerce.
     « Quand il s'agit de tenir une correspondance, on regarde à
 la netteté, à la régularité, à l'harmonie des traits. Chaque jour
 donc accoutume-toi à tracer une demi-page sur le papier, pro-
 prement et sans rature, très-lisible à l'œil, deux mois ne seront
 pas écoulés sans que tu aies fait de grands progrès. Plus tard,
jamais de négligence : cessons d'être -enfant, et écrivons comme
 s'il s'agissait toujours de quelque chose d'important.
     " Tu as à réformer ton orthographe : elle est vicieuse et in-
correcte. Ta lettre a huit à dix fautes grossières. Avec une lettre
 semblable, on ne te. prendrait pas dans une bonne maison.
     « Voici ce que tu dois faire :
     « Copie une fois par jour, je dis une fois, cela n'est pas bien
difficile, une page d'un bon écrivain, de Fénelon, par exemple. La
copie achevée, relis-toi ligne par ligne, mot par mot. Evite les
majuscules inutiles. Défais-toi des grands mots, du pathos ;
sois simple et concis.
    « Garde-toi bien, comme tu l'as fait, de passer sans cesse
d'un livre à un autre, d'un écrivain à un autre. Cette mobilité
n'est propre qu'à retarder tes progrès, et à faire de toi un perro-
quet au lieu d'un penseur. L'homme d'un seul livre, a-t-on dit,
est toujours un homme de mérite.
    « Attache-toi sérieusement àl'étude de l'allemand et de l'anglais.
Avec ces deux idiomes que tu dois posséder à fond, c'est-à-dire
écrire etparler, tu te tireras toujours d'affaire. Compare à chaque
instant l'esprit de ces deux langues qui ont entre elles beaucoup
d'affinité. Ne néglige pas les étymologies : c'est la clef d'une
langue.
    « Ici comme partout, attache-toi à deux écrivains ; lis-les, lis-
les encore. Qu'il n'y ait rien de mécanique dans ton enseigne-
ment personnel; rends-toi compte de chaque mot, de chaque
phrase, de chaque idée. Ce travail t'exercera à penser, à ré-
fléchir.
    « Ne te laisse pas aller à des théories décevantes : avant de