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                       SUR J.-Jl.-V. AUDIN.                    213
   sur l'opposition entre son éloquent discours et sa conduite. Sans
  qu'ils se fussent entendus, qu'ils se fussent parlés, sans s'être
  rendu mutuellement compte de leurs pensées, de leurs projets, le
  soir même, chacun de son côté, écrit une lettre anonyme et af-
  fectueuse à Audin, pour lui faire sentir l'inconséquence de sa
  conduite et de ses paroles. Audin reçoit les lettres le lendemain,
  il les lit, rougit, verse quelques larmes, et va se jeter dans un
  confessionnal ; à dater de ce jour, Audin n'a pas cessé d'être,
 non pas seulement chrétien, mais chrétien pratiquant, mais
 chrétien pieux, et il a persévéré jusqu'à la fin avec un courage
 héroïque.
     Audin cependant continuait avec ardeur ces belles composi-
 tions littéraires, et l'Histoire d'Henri V11J, roi d'Angleterre,
 vint encore, en 1847, ajouter un nouveau lustre à sa gloire.
 Avec quelle énergie de pinceau il nous montre dans cet homme
 la luxure couronnée, comme il nous dépeint ce roi tyran, qui
 avait voulu se faire docteur de l'église, pour lutter contre Lu-
 ther , devenant bientôt persécuteur de ses propres sujets,
 chef d'une religion nouvelle, entraînant dans un schisme à ja-
 mais déplorable l'île des saints, des confesseurs et des martyrs !
     On a reproché à Audin de n'avoir pas donné à cet ouvrage
assez de développement à la question théologique ; mais nous
 savons, à n'en pouvoir douter, que c'est sérieusement et de des-
 sein prémédité. Le schisme d'Angleterre ne se constitua en quel-
que sorte que sous Edouard VI ; c'était donc dans l'introduction
de l'histoire du rétablissement du catholicisme en Angleterre, et
du règne de Marie, que la question devait être traitée, et c'était
le projet que devait exécuter Audin, dans un troisième volume
de l'histoire d'Henri VIII ; c'est ce que je lis dans la correspon-
dance de l'auteur avec un de ses amis, M. Collombet. Au reste,
Henri VIII était l'ouvrage préféré d'Audin. •> Mon dernier ou-
vrage, écrit-il à ce même ami, me semble le plus intéressant,
le moins mal fait ; il y a de l'unité, pas de digression, pas de ta-
bleaux à côté ; Henri est partout. Et puis, trois à quatre cents
épithètes de moins : comptez-vous cela pour rien ? » C'est faute
de s'être rappelé ce jugement glissé à travers mille autres détails,