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 208                    NOTICE HISTORIQUE
 rite historique n'y sera plus sacrifiée, ainsi que me le reproche
 avec tant de raison M. Àudley, au désir de chercher le drame et
 de faire de l'effet.
   « J'ai l'honneur d'être, Monsieur, votre très-humble et très-
 obéissant serviteur,                      AUDIN. »

     Qui ne louerait la modestie de l'auteur condamnant' lui-même
  son ouvrage sur les simples observations d'un équitable criti-
  que ? Ces simples mots, bien courts : j'ai eu tort, a dit depuis
  longtemps un homme d'esprit, sont les plus difficiles à prononcer
  de la langue française. M. Àudley, dans sa critique, observe
  toutefois qu'il ne connaît pas d'ouvrage où l'on demeure si
  longtemps sous l'impression d'un intérêt toujours croissant ; il
  y a là, dit-il, des pages de Tacite.
     Cependant, la maturité de l'âge avait apporté dans l'âme
  d'Audin la maturité du jugement. Un travail secret et mysté-
 rieux se faisait dans son esprit, l'indifférence religieuse à la-
  quelle il avait cédé pendant sa jeunesse, à l'exemple de tant d'au-
 tres , cédait à son tour aux premières influences chrétiennes de
 son éducation. Mais ses voyages à travers l'Allemagne protes-
 tante , sa fréquentation des hommes influents de ces contrées,
• semblaient avoir semé dans son cœur les germes de la réforme
 qui paraissaient vouloir s'y épanouir à son insu ; quelque chose
 de la gravité froide, du mysticisme des penseurs allemands
 avait pris un certain empire sur son esprit naturellement im-
 pressionnable et porté aux réflexions profondes, aux idées abs-
 traites, à une philosophie langoureuse et méditative. Décidé à
 élever un monument à la gloire du grand réformateur du XVIe
 siècle, Audin partit pour l'Allemagne dans l'intention d'en com-
 pulser les manuscrits précieux, les vieilles légendes, et d'en for-
 mer les bases du monument qu'il voulait élever à Luther. Mais
 c'était là que l'attendait la providence.
   Plus l'érudition d'Audin pénétrait avant dans l'esprit de
Luther, en parcourant ses nombreux ouvrages, plus il y décou-
vrait les motifs de son apostasie, plus il se détachait de ce secret
entraînement qui l'avait d'abord porté au projet de l'honorer et