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SUR J.-M.-V. AUDIN. 209 de le glorifier ; jusqu'à ce qu'enfin, son âme, repoussée à l'as- pect de tant de passions hideuses, de tant d'inconséquences gros- sières, de tant de doctrines immorales, de tant d'attaques bru- tales contre les souverains pontifes, prit la résolution forte, cou- rageuse, de changer le monument qu'il voulait élever à la gloire de Luther en un échafaud pour l'y clouer au gibet d'infamie. Il est vrai qu'il couvrit de fleurs sa victime, mais il ne la livra pas moins en spectacle au monde, dans toute sa hideuse nudité. Dès ce moment, Audin recouvra toute, la foi catholique de sa pre- mière jeunesse. La science étant devenue pour lui un fanal brillant dont les rayons dissipèrent les ténèbres qui avaient en- veloppé son esprit. Enfant prodigue, il revint au toit paternel, riche des dépouilles de la science qu'il avait enlevées au protes- tantisme allemand. Ne pouvons-nous pas faire remarquer, en passant, que, pour celui qui peut 'et sait lire, le protestantisme d'Allemagne conserve dans ses bibliothèques précieuses les ti- tres les plus authentiques de la vérité de la foi catholique, comme les Juifs conservent dans leur Bible, malgré eux, la preuve sans réplique de la venue du Messie ? VHistoire de Luther fut publiée en 1839, en 2 volumes in-8°. La presse catholique accueillit avec joie ce nouveau monument élevé à la gloire du Catholicisme, et ouvrit avec bonheur ses rangs au nouveau défenseur de la cause. Cependant, au milieu de ce concert unanime de louanges, la voix d'une critique sévère reprocha à l'auteur d'être entré dans des détails trop circonstan- ciés sur l'immoralité de la conduite, sur le dévergondage des écrits et des paroles de son héros. Pour se disculper, plus d'une fois nous avons entendu le savant Audin répondre avec autant de franchise que de candeur, qu'il avait écrit son Histoire de Lu- ther non point pour les jeunes personnes, mais pour les hommes instruits et eaptivés par l'erreur ; que son intention avait été de présenter Luther à ses admirateurs et à ses disciples avec toutes les laideurs que la vérité de l'histoire doit lui donner ; que, quand on veut dégoûter une secte d'un homme qu'elle a la bonhomie de saluer et de respecter comme un apôtre, comme un saint, il faut montrer cet homme dans toute sa nudité ; qu'il était né- 14