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bulletin tljmtnil tt tmteical. CLAUDIE. — OUVERTURE DU CASINO DES ARTS. — CONCERT DE L'HOTEL-DE-VILLE. George Sand vient de donner, dans Claudie, un pendant à François le Champy et de continuer sur le théâtre le genre qu'elle a exploité dans le roman, comme la Mare au Diable et la Petite Fadette. C'est encore une pastorale à la façon de Greuze ; c'est encore la langue du Rerry importée sur la scène française, en dépit du Dictionnaire de l'Académie. Où en serions-nous si cha- cune de nos anciennes provinces prenait fantaisie de venir nous apporter son idiome, son patois!.. On serait obligé de se munir d'un glossaire avant d'entrer. La voie dans laquelle Mme Sand a fait deux excursions couronnées de succès nous vaudra de tristes et malencontreuses imitations, et sera, nous le craignons, d'un aussi déplorable exemple que les romans de VAstrée et de Clélie l'ont été dans leur temps. Ne me demandez pas l'analyse de Claudie. C'est une œuvre qui ne vit que sur une situation unique. C'est la réhabilitation d'une pauvre fille-mère pleine de fierté dans son malheur et en lutte ouverte avec un nouvel amour qui naît dans son cœur. L'intérêt va jusqu'aux larmes. C'est un succès de femmes. Le style s'élève parfois jusqu'à la poésie. Ecoutez plutôt le vieux Rémy célébrant la gerbaude, et dites si ce n'est pas là une des plus belles pages de George Sand. Ce drame, du reste, est joué ici avec un talent hors ligne par la plupart de nos artistes. Je doute que les rôles de Sylvain et de Rémy soient mieux interprétés à Paris qu'ils ne le sont par Rondois et Genin, deux artistes remarquables, sous bien des rapports. Paillasse, malgré son invraisemblance et grâce au jeu et à l'intelligence de M. Genin a eu, à Lyon, le même succès qu'à Paris, un succès populaire. Ce n'est pas avec de pareils ouvra- ges que nous arriverons à faire l'éducation du peuple et à fon- der le règne de la fraternité au milieu de nous. Arrière les œuvres qui divisent la société en deux camps ?... MUe Melcy continue à rapprocher toutes les opinions et à at- tirer aux Célestins un public qui n'y allait plus. Sa dernière pièce est toujours la meilleure de son répertoire. C'est à pré- sent le tour de Pauline, ou sait-on qui gouverne ? — On prépare, au Grand-Théâtre, une solennité musicale pour laquelle M. Adolphe Adam est venu de Paris. 11 s'agit de l'exé- cution de sa grande messe de Sainte-Cécile, au profit de la caisse de l'association des artistes. C'est le 7 mars qu'aura lieu. cette audition. M. Adolphe Adam profitera de sa présence au mi- lieu de nous pour présider aux répétitions de son dernier ou- vrage : friralda.